Symbole n°12: le corbeau

Le corbeau… Ceux qui ont la chance de me côtoyer dans la vraie vie savent à quel point cette histoire de corbeau me trotte dans la tête depuis un petit moment…

Le corbeau est un animal symbolique partout où il est présent. Que ce soit en Europe, au Nord Ouest de Amérique du Nord, en Sibérie, en Asie, en Afrique du Nord, il fait partie de légendes fondatrices ou est lié à des divinités. Il peut être aussi bien vu comme une force bénéfique que comme un oiseau de mauvaise augure. C’est ce qui est fascinant chez cet animal: il semble jouer un rôle dans la construction culturelle de civilisations aussi variées que les Romains et les Grecs, les Vikings et les Celtes, les Amérindiens, les Inuits, ainsi que dans les religions telles que le Judaïsme et le Christianisme, l’Islam, l’Hindouisme.

Pour certains peuples (Nord Ouest de l’Amérique du Nord, Sibérie, Inuit, Nord Est de l’Asie, Bouthan), le corbeau est créateur du monde, ou du moins il protège les hommes, leur donnant de quoi survivre et se développer. Son plumage noir représenterai le Néant, le vide avant la création. Selon les légendes, il est à l’origine du monde en tant que tel, ou du genre humain, ou encore du Soleil, de la Lune, des étoiles, de l’eau et du feu (rien que ça!). Il est une divinité en soi, plutôt positive et constructrice. Il aurait également joué un rôle dans la création de la ville de Lyon, en France.

Le corbeau peut aussi jouer le rôle de gardien. Lorsque les corbeaux cesseront de voler autour de la montagne où il repose, Frédéric Barberousse se réveillera et règnera de nouveau. Dans le même ordre idée, il est dit que tant qu’il y a des corbeaux à la tour de Londres, l’Angleterre ne sera pas envahie.

Le corbeau peut également être associé à une divinité.

  • Apollon, dans la Grèce Antique, donne son plumage noir au corbeau par punition pour avoir fait preuve de négligence dans la surveillance de sa maitresse.
  • Odin dans la tradition Nordique envoie deux corbeaux, Hugin (la réflexion, la pensée) et Munin (la mémoire) autour du monde pour qu’ils lui rapportent ce qu’ils voient et entendent. C’est ainsi que le dieu sait ce qui se passe dans le monde.
  • Morrigan, et Badb, dans la tradition celtique irlandaise. C’est sous la for me d’un corbeau que la déesse Morrigan se pose sur l’épaule de Cuchulainn à sa mort

Le corbeau étant charognard, il est souvent lié aux morts, à la guerre, à la maladie. Son plumage noir accentue ce côté inquiétant, sans ‘âme’. Il est présent sur les champs de bataille, jouant un rôle en faveur d’un ou de l’autre camps, se nourrissant de ceux tombés au combat. C’est sans doute ce qui lui a donné sa mauvaise réputation, bien ancrée encore de nos jour en Europe notamment. De nombreuses légendes lui attribuent un côté malsain, traitre, infidèle, manipulateur, se jouant des hommes pour son seul profit.

Malgré cet aspect sanguinaire (ou peut être de ce fait), il est choisi pour orner les bannières de plusieurs rois Vikings. C’est leur esthétique que j’ai choisie pour ma carte. Il figure également sur les armoiries de l’Ile de Man, sur celle du Bouthan.

Le corbeau revêt également une symbolique plus mystique, magique. Il est celui qui fait le lien entre les vivants et les morts, qui permet la communication entre les deux mondes. Il est celui qui fait prendre conscience de la magie ordinaire. Il est celui qui élève la perception, qui permet d’acquérir un meilleur discernement, qui représente la détermination à atteindre son but, seul ou en groupe. Il revêt aussi un rôle symbolique de transformation, alchimique.

Enfin, le corbeau est un oiseau extrêmement intelligent, qui vit en communauté, et qui est capable de se souvenir de celui qui lui a fait du bien ou du tort…. ce qui donne à réfléchir à notre attitude face à lui!

J’édite: et si je vous disais que la pleine lune de mars est surnommée la lune du corbeau? Si si, véridique! J’aime être en phase avec l’Univers hahahaha.

Quant à moi, j’ai la chance d’avoir pour voisins un groupe de corbeaux, qui viennent me rendre visite en se posant sur les arbres à hauteur de mon appartement quotidiennement. Je suis également saluée tous les matins de la semaine par un corbeau qui semble garder ma voiture jusqu’à ce que j’arrive. J’ai aussi remarqué qu’ils se trouvent tout le long de mon trajet pour aller au travail. Et puis les deux premiers morceaux que j’ai appris à jouer à la flûte portent sur des légendes concernant les corbeaux…. sans parler des rêves où ils apparaissent…. Bref, ma vie est colonisée par les corbeaux ces derniers temps, sans que je saisisse encore bien le message qu’ils ont à me transmettre, si ce n’est que je vis dans une région où ils sont nombreux et en bonne santé (haha) mais au moins, ça m’aura donné l’occasion de me pencher sur la symbolique de cet oiseau et d’écrire cet article!

Et puisque j’aime les paradoxes, tous les paradoxes haha, je n’ai pas voulu faire les contours du symbole en noir…. j’ai opté pour un fond à l’aquarelle et j’ai peint le symbole à l’encre violette…. leur seul symbole jusqu’ici qui aurait légitimement pu être noir…. non, je l’ai dessiné à l’encre violette…

Symbole n°11: Kokopelli

Cette semaine, nous danserons avec Kokopelli. C’est un personnage mythique révéré par les Navajo, les Hopi, les peuples amérindiens du Sud Ouest de ce qui est aujourd’hui les Etats Unis. Kokopelli est symbole de fertilité, de joie, de longue vie. Il est représenté par un joueur de flûte bossu, sa bosse recelant selon les traditions des graines, des plantes, des objets sacrés ou médicinaux (les uns et les autres pouvant très bien être liés). Tout en semant ses graines, il chante et joue de la flûte. Il insuffle ainsi le souffle de la vie dans ses semences.

Dans d’autres mythes, il parle au vent et au ciel. On entend sa flûte dans les vents du printemps, qui apporte sa chaleur après le froid de l’hiver. C’est un nomade, son arrivée et son départ sont annoncés par sa flûte. Ses voyages lui ont octroyé la sagesse et il a une leçon pour chacun. Il apporte également prospérité et bonne fortune à qui écoute ses chansons.

C’est donc aussi un ménestrel, un esprit de la musique, un conteur, un faiseur de pluie, un guérisseur, un professeur, un magicien farceur, un séducteur, un sage. Sa plus grande leçon étant de ne pas prendre la vie trop au sérieux.

C’est un personnage extrêmement positif.

J’aime beaucoup Kokopelli, et ce symbole me parle profondément. Ma première ‘rencontre’ a été sous forme d’une bague le représentant, ramenée par mes parents au retour d’un voyage dans le grand Ouest américain. J’ai tout de suite été attirée par ce petit bonhomme courbé et dansant, avec sa flûte. Je l’ai trouvé joyeux et optimiste, et elle est longtemps restée à mon doigt.

Je l’ai retrouvé lors de mon séjour en Arizona. Il était partout, des talus d’autoroutes aux enseignes diverses et variées. Sur des textiles, des poteries. Partout. Et si le côté commercial d’exploitation de son image ne m’a pas échappé, sa seule vue me remplissait de joie. A chaque fois. Comme si il me souhaitait la bienvenue chez lui.

Clairement, je me sens liée à Kokopelli. Peut être parce que moi aussi j’essaie de semer mes graines en classe, dans ma vie quotidienne ou ici. Peut être aussi par mon côté conteuse d’histoires, par mon métier, par mes inspirations, par ma flûte, même si la mienne est irlandaise et non amérindienne (mais qui sait, je vais peut être y venir aussi!). Peut être aussi par ce détachement que j’ai acquis au fil des années. Et cette certitude chevillée au corps: il faut profiter de la vie à chaque instant, sans regret, avec joie et reconnaissance. Rire aussi, et se dire que si on est peu de chose, on a aussi tous la capacité de planter, nous aussi, nos graines d’espoir, de joie, de sérénité, de connaissance, de compassion, de respect, et que sais-je encore. Et qu’une fois partis, c’est ce qui restera de nous, et quel bel héritage!

Alors cette semaine, comme toutes les autres, je vais tenir compagnie à Kokopelli, en jouant de la flûte, en semant mes graines, et en vivant, tout simplement.