
3 ans. Cette semaine, cela fera 3 ans que ma vie a changé du tout au tout. Il m’aura aussi fallu ce temps pour me redéfinir, retrouver un équilibre, redonner du sens à ce qui n’en avait plus.
Il y a eu ce moment il y a quelques semaines, où je me suis surprise à faire le parallèle entre celle que je suis aujourd’hui et celle que j’étais il y a 20 ans. Parce qu’en dehors de l’aspect professionnel, je me retrouvais au même point. Du moins c’est la pensée fugace qui m’a prise au dépourvu ce jour-là. Très vite balayée par une réalité toute autre. Si effectivement, je reste fondamentalement la même, il n’en demeure que j’ai rencontré bien des tempêtes ces 20 dernières années, que j’ai traversé l’enfer à plusieurs reprise pour en sortir bien plus forte. Que j’ai eu mal, très mal, dans mon corps, émotionnellement, psychologiquement. Mon corps, mon esprit et mon âme ont été transformés, à n’en pas douter.
Et lorsque je prends le temps d’y penser réellement, il m’apparait une évidence: j’ai de la chance. Parce que ma vie n’a pas été linéaire. Et que celle que je suis aujourd’hui est la résultante de ces tempêtes et de ces enfers vaincus. A quoi s’ajoute la teneur des leçons apprises, et mon retour à la vie après avoir livré de nombreuses batailles.
Ce n’est pas si évident de changer de paradigme. Il y a de nombreux paramètres à prendre en compte, de nouvelles données à intégrer, des morceaux éparpillés à rassembler et à partir desquels reconstruire une nouvelle réalité. Tout en continuant à fonctionner, comme on le peut. Élaborer un exosquelette suffisamment solide pour nous permettre de tout remettre en ordre à l’intérieur sans pour autant étaler ses tripes aux vues et aux sus de tous. Alors bien sûr il y a des effets pervers. Il faut naviguer à vue entre ceux qui ont oublié ce qui nous était arrivé et qui sont passés à autre chose, et qui font parfois, souvent preuve d’indélicatesse au point de briser d’un mot ce qui nous a pris des semaines à reconstruire; et ceux qui sont dans la souffrance, et dont il faut se protéger pour ne pas sombrer. C’est un jeu de funambule, avec une risque non négligeable de chuter à tout moment, sans filet pour nous rattraper le cas échéant.
La plupart du temps, maintenant, je parviens à prendre suffisamment de recul pour garder mon équilibre. Sauf cette semaine, où je laisse remonter à la surface des traumatismes non encore digérés. 3 ans que je suis dans l’incapacité d’exercer mon métier pendant ces quelques jours. Et la date approchant, je ne peux être en contact avec d’autres, physiquement. Parce qu’il y a une violente tempête intérieure qui gronde, qui dévaste tous mes filtres, et qui s’échappe par les moindres pores de ma peau. Les larmes ne sont jamais loin, la douleur omniprésente, les flashbacks terrassants. Le seul remède: le temps. Et la réclusion, le temps pour moi d’accueillir et d’évacuer ce cataclysme psychique. Une semaine par an, je me trouve aux prises avec moi même, et je sais que le seul moyen d’en sortir, c’est de me pardonner. De revivre chacun de ces souvenirs, et de faire preuve de compassion envers moi-même. Cette année, ce sera encore le cas. J’ignore ce qu’il en sera l’année prochaine.
Quoi qu’il en soit, j’avance sur mon chemin de vie. Cette dernière année, j’ai vraiment beaucoup progressé dans mon objectif de revenir à la vie. Tout se débloque petit à petit. Et c’est en ça que la pensée à celle que j’étais il y a 20 ans m’est venue. Pour que je puisse constater par moi-même la route parcourue. Et quelle route! Des chemins de traverse en veux-tu en voilà, des traversées périlleuses, des montagnes à gravir, des rapides à descendre, et surtout un cap à maintenir, coûte que coûte.
Aujourd’hui, je suis donc devenue celle que je suis. Grâce à mes expériences de vie, grâce aux gens qui m’ont accompagnée ou qui ont été des rencontres déterminante. Je suis aujourd’hui bien différente de celle que j’étais alors. Plus sage, j’espère, mais aussi bien plus aguerrie, avec bien plus de compassion, de recul, de compréhension des mondes intérieurs et extérieurs. J’ai éliminé la peur, et je suis libre de me lancer dans une nouvelle aventure. Non pas uniquement sémantiquement, mais réellement. Quel beau voyage, dont le souvenir m’aidera à tenir, une fois encore, alors que je vais devoir affronter cet ouragan annuel. Je suis prête. Qu’il vienne.
Une semaine. Dans une semaine ce sera derrière moi pour une nouvelle année.
Voici donc la carte de la semaine, version féminine et masculine.


feutres uni Pin fine line 0.8 et 0.1 noir, motif Fitzi
3 mois que je propose mes petites cartes… Et j’ai comme une envie de couleurs qui me prend soudainement… je vais peut être bidouiller un truc du coup…. et puis j’ai aussi envie de faire une petite récap téléchargeable….à suivre!