
Ouroboros, est un symbole représentant un serpent ou un dragon qui se mord la queue. On le retrouve en Egypte, en Chine, dans la mythologie nordique, en Amérique latine, en Amérique du Nord. Sa signification varie selon les cultures. Je retiendrai ici l’idée d’éternel recommencement, de cycle qui se reproduit infiniment.
En ce qui me concerne, une des nombreuses choses que j’ai retenu de mes études d’histoire est l’existence de cycles, plus ou moins longs, à plus ou moins grande échelle, qui se répètent et dont il faut avoir conscience pour pouvoir contextualiser les événements. Avec le temps, identifier des cycles devient plus naturel, et permet une mise en perspective plus aisée de ce qui se passe. Évidemment, tout n’est pas affaire de cycle, mais il est toujours intéressant d’essayer de resituer un événement dans un contexte plus large, de prendre du recul, de tenter de voir les choses sous une perspective différente en les inscrivant dans une dynamique plus vaste.
Dans ma vie personnelle, cette notion de cycle est aussi apparue comme une évidence. Le cycle lunaire a toujours eu une influence sur moi, ne serait-ce qu’au niveau de mon sommeil, ou de mon cycle menstruel. Le cycle des jours et des nuits, avec ses variations, le cycle des saisons, le cycle d’une année scolaire, le cycle des ans, et bien d’autres encore sont autant de cycles qui me touchent dans ma vie quotidienne…
Pour autant, le fait qu’un cycle commence ne signifie pas qu’il se déroulera de manière identique au précédent. Si je prends l’exemple du cycle d’une journée, il illustre parfaitement les variations importantes qui peuvent se produire à l’intérieur d’une unité identique de 24h. L’alternance du jour et de la nuit n’est pas la même en hiver ou en été, les températures peuvent avoir de grandes variations également, sans parler des phénomènes météorologiques. Une journée travaillée ou passée en réunion ne sera pas vécue de la même manière qu’une journée de congé entre amis ou en famille. Une soirée entre amis est très différente d’une soirée en solitaire passée à lire. Une nuit blanche n’est définitivement pas la même qu’une nuit passée à dormir paisiblement et profondément. Et quand bien même nous nous réveillerions à la même heure tous les matins, chacun d’entre eux sera différent, unique.
Si j’ai bien conscience de l’existence de cycles dans ma vie, pour autant ils ne définissent ni un carcan ni quelque chose d’inéluctable. Un cercle peut être brisé. Un cycle peut être ignoré. Un autre peut être créé. Et surtout, rien ne se répète exactement de la même manière. En prenant conscience des cycles qui opèrent dans notre vie, on s’autorise également à en modifier le contenu, la permanence, l’occurrence.
Puisque je suis dans une période créative, j’ai tendance à envisager les cycles de ma vie comme une toile vierge, un support sur lequel je viendrai broder, peindre, gribouiller, que je pourrais modifier, bonifier. Mes actes ont une incidence sur chaque cycle que je traverse, et ils en modifient la structure, le déroulement. Avec le temps, ils s’enrichissent des modifications que je leur apporte. Et sur un plan plus linéaire, celui de mon chemin de vie, ces cycles sont autant de bornes qui me permettent de mesurer mon évolution. Autant de témoins de ce qui est permanent et ce qui ne l’est pas.
Un cycle n’est ni bon ni mauvais par essence, ce sont nos perceptions de ce qu’ils représentent qui leur donnent une valeur positive ou négative. Et c’est justement sur ces perceptions que nous pouvons agir. Dès lors soit nous acceptons ce qu’il représente, soit nous pouvons en profiter pour en comprendre le sens, et voir ce que nous pouvons modifier, comment nous pouvons agir afin qu’il ne soit pas aussi problématique pour nous à sa prochaine occurrence. Rien n’est jamais gravé dans le marbre. A nous de voir quels cycles nous portent, quels cycles nous entrainent dans des lieux que l’on préfèrerait éviter. A nous de définir quels cycles sont de notre fait, de part notre progression, ou du fait d’événements extérieurs sur lesquels nous n’avons aucune prise. A nous de briser les cycles qui peuvent/doivent l’être, et de profiter pleinement de ceux qui nous apportent ce dont nous avons besoin. A nous d’intégrer ou de désintégrer ces cycles à notre chemin de vie.
Cette semaine, je prends conscience des cycles qui existent dans ma vie et je me les approprie.