Épopée 2019: carte n°9. je suis LIBRE d’être celle que je suis.

Je sais, je suis en retard dans ma publication. Mais voila, après presque 2 mois en apnée, je respire enfin et je dois faire le tri dans tout ce qui me passe par la tête. J’ai déjà commencé par refaire ma carte, et puis je pense que c’est la 4ème mouture de ce post… Je suis au beau milieu d’un tourbillon créatif, et si je dois effectuer certains ajustements, j’adore ça.

Parce que loin de n’être qu’un tourbillon émotionnel, il s’agit surtout d’un tsunami qui me libère du carcan qui m’enserre chaque année pendant presque 2 mois. 2 mois pendant lesquels je suis prisonnière de mes souvenirs, les flashbacks incessants me replongeant dans ces jours très sombres. 2 mois pendant lesquels toutes mes émotions sont mobilisées par mon histoire. Et puis 5 ans jour pour jour après le diagnostique, le 22 avril, tout s’évanouit, le carcan se brise et je peux respirer et poursuivre mon chemin plus légère.

Au départ, j’ai été terrassée par la douleur et la peine. Et peu à peu, j’ai appris à vivre ces mois de manière à les apprivoiser. Ils sont devenus pour moi un rite de passage vers un nouveau chapitre de ma vie, toujours plus excitant. Alors que mes émotions se débattent avec ce qui remonte du passé, mon esprit lui, se nourrit de tout ce qui peut lui apporter une compréhension du monde. Cette année, cette dynamique a été très claire. J’avais besoin de me plonger dans un domaine bien précis de compréhension, et j’avais tout ce dont j’avais besoin pour le faire. Je me suis donc retrouvée à lire, à regarder des conférences, à succomber à une boulimie de quête de sens. Ce que j’ai appris ces derniers mois a confirmé, ce que je percevais depuis un bon moment, sans pour autant lui avoir donné de réel sens, une structure. C’est le cas aujourd’hui. J’ai pu ajouter la théorie à mon expérience, ce qui a validé mes ressentis. A ma grande surprise, j’ai éprouvé un sentiment d’appartenance, ce qui n’avait plus été le cas depuis longtemps.

Et à la fois, alors que je m’inscrivais dans une dynamique d’appartenance, intellectuelle, je me suis sentie libérée. Parce que mes lectures, les réflexions qui découlaient de ce que j’apprenais, validaient mon cheminement. Et j’ai fini par réaliser que si je me sentais parfois prisonnière d’une vie que j’avais pourtant contribué à construire, c’est que je m’étais moi même contrainte à le ressentir. Et qu’il n’appartenait qu’à moi de changer le prisme au travers duquel je voyais ma vie. Voire de le briser pour la contempler telle qu’elle est.

C’est ce que j’ai fait. Imperceptiblement, j’ai retrouvé une liberté que je pensais perdue depuis longtemps. Oh je ne vais pas partir sur les chemins avec mon baluchon pour voir le monde, comme j’ai pu le faire dans mes jeunes années, mais je vais exercer ma liberté retrouvée dans ma vie de tous les jours. Parce que la liberté, c’est une façon d’être avec soi. C’est une façon d’être soi. En toute conscience. Alors que je prends conscience que je fais partie d’un tout, je me libère également. Je n’ai plus rien à prouver à qui que ce soit, ni à moi, ni aux autres.

Je suis libre d’exprimer mes opinions ou de les garder pour moi. Je suis libre de me révolter ou de me réjouir. Je suis libre de partager ma créativité ou de la garder pour moi. Je suis libre de prendre soin de moi tout en n’obéissant pas aux normes imposées. Je suis libre d’être un électron libre ou de me polariser fortement pour apporter mon énergie à ce qui me semble juste. Je suis libre de choisir ce que je veux ou non partager, ce que je veux ou non mettre en valeur. Je suis libre de changer d’avis, de camper sur mes positions.

Je suis libre de faire tout ça et bien plus. Et cette liberté est mienne, ancrée dans mon être profondément. Je l’ai ignorée pendant longtemps, parce que j’ai choisi de me placer au service d’une cause primordiale, la protection et l’accompagnement de ma fille dans son propre combat, ce que je ne regrette absolument pas. Il m’a fallu du temps pour panser les blessures que cette expérience m’a infligée. Pour ensuite retirer les bandages, lorsqu’ils ne m’étaient plus d’une quelconque utilité. Et de découvrir ainsi ma liberté d’être, bien au chaud en moi. Aujourd’hui, plus rien ne m’empêche de l’exercer, de l’exprimer, de la vivre. Je défie quiconque de s’y attaquer, ma hallebarde est aiguisée et je sais la manier pour protéger ce qui me tient à cœur hahaha.

Je suis libre d’aimer et de ne pas apprécier. Je suis libre de le dire ou de le taire. Je suis libre de mes pensées, de parcourir les contrées sauvages ou hautement civilisées qu’elles me font découvrir. Je suis libre d’être celle que je suis. Et j’ai ancré cette liberté si profondément en moi qu’elle ne peut m’être arrachée.

C’est cette évidence qui m’est venue à l’esprit pendant ces mois de réclusion émotionnelle. Et de fait, si mon esprit analytique et structuré l’avait parfaitement intégré, depuis la libération de mes émotions de leur carcan, c’est un déferlement d’idées, d’envies, de créativité. Un peu comme si mes émotions, en s’écoulant sur la structure de ma pensée lui apportaient la vie, la fantaisie, les couleurs dont elle avait besoin pour véritablement s’épanouir.

Je suis en vie. Et je suis libre d’être celle que je suis.

Motif: Javik

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