Je l’avoue, je ne pardonne pas. Je le vis plutôt bien d’ailleurs. Ces derniers temps, on voit fleurir sur la toile deux mots: bienveillance et pardon. Ce sont apparemment les clés du bonheur….
Je n’aime pas le mot bienveillance, que je trouve bien galvaudé et que je refuse de prononcer dans chacune de mes phrases. Je sais, je suis une rebelle. Pourtant, j’en fais preuve, mais je ne m’en vante pas, je ne le souligne pas, je ne la mets pas en valeur. Parce que pour moi, c’est quelque chose d’évident et de naturel. Pour autant, je me refuse à prononcer ce mot qui devient une injonction, un « élément de langage », comme ils disent, obligatoire, pour faire partie de la communauté humaine de nos jours. Il m’arrive donc de faire preuve de bienveillance, et pour autant, je ne la brandis pas comme un étendard….
Le pardon est présenté comme le seul moyen d’être heureux. Ce n’est qu’en pardonnant, ou en se pardonnant, en faisant donc preuve de bienveillance envers soi ou les autres (ah, oui, évidemment, il y a un lien), qu’on ne peut se sentir bien, avec soit et avec les autres.
Soit.
Sauf que je considère ma vie comme un voyage, avec ses péripéties et ses obstacles à surmonter. Comme une succession de leçons qui me font grandir, et devenir une personne plus riche intérieurement, plus sage aussi, dans un sens. Je pourrais bien évidemment pardonner et passer à autre chose. Sauf que ça irait à l’encontre de ma vision de la vie: je ne pardonne pas, j’accepte que ça m’est arrivé. Et parfois, avec le temps, j’oublie. C’est à ce moment que je considère que j’ai acquis ma leçon. En pardonnant, je m’empêche de faire ce cheminement, et la leçon se représentera sur ma route tôt ou tard…. plus explicite, en général…. avec l’expérience, j’ai appris à m’en préserver.
Pour autant, ne pas pardonner me permet aussi d’avoir le recul nécessaire pour accepter, comprendre, et tirer les leçons de ce qui s’est passé. En ce sens, c’est une expérience riche, profonde, et qui est porteuse de bien plus que ce qu’on pourrait envisager à chaud.
Souvent, on met en avant le fait que le pardon permet de se libérer et d’être heureux. je ne reviendrai pas sur ma vision du bonheur en tant que diktat. Quant à la libération, ça me pose question. Encore une fois, ce n’est pas ainsi que je vois ma vie. je ne me sens pas enchainée par mon ‘non-pardon’. Au contraire, c’est par les leçons que je peux tirer de ce qui s’est passé que je me construis, que je grandis, que je m’exonère de ce qui m’a heurtée. J’ai décidé de vivre ma vie intensément, en en acceptant chaque épreuve ou expérience. J’ai décidé d’en prendre la responsabilité aussi. De ce fait, j’accepte aussi de faire des erreurs. Et d’en tirer des leçons. J’accepte également d’être blessée. Et d’en tirer des leçons. Mais pour évoluer, il faut que j’en accepte les conséquences.
Je suis responsable de mes actes et de mes mots. En me pardonnant, je les efface et je passe à autre choses. Or, il a des conséquences à chacun de nos actes, à chacune de nos paroles. Et en étant prompts à nous pardonner nous-mêmes, nous passons à côté des enseignements que nous pourrions tirer de ces expériences, et nous ne grandissons pas. Ce qui va là aussi à l’encontre de ma visions des choses. J’accepte la pleine responsabilité de mes actes et de mes paroles, ainsi que des leçons que j’en ai tiré. Tout ceci fait partie de mon cheminement.
Souvent, on oppose pardon et haine. Si on ne pardonne pas, c’est qu’on reste dans la haine. En pardonnant, on accède à une paix intérieure. Pour autant, je ne hais personne. Parce que je considère que nous sommes tous les acteurs de nos vies. Et que nos erreurs nous permettent de grandir, de devenir ce que nous sommes au fond. Je ne hais pas ceux qui m’ont fait du mal, consciemment ou non, d’ailleurs. Je ne leur pardonne pas pour autant. Par contre, j’en ai tiré des leçons sur ce qui s’est passé, ce que ça a eu pour conséquence dans ma vie, dans la leur. Je ne les hais pas parce que je suis convaincue qu’ils ont évolué depuis. et si ils ne l’ont pas fait, c’est leur problème, pas le mien. Ils me sont indifférents, mais je ne leur pardonne pas. Au pire, je les oublierai. Et je continuerai mon chemin.
Et c’est donc toute ma démarche: dépasser la peine, la haine, la colère, pour arriver à la compréhension, l’acceptation, puis à l’oubli. C’est mon cheminement, et je me sens vraiment bien dans ma vie en la menant ainsi.
Voici donc votre challenge:
Une carte par semaine 50
Citation: « Épargne-toi le tourment de la haine ; à défaut du pardon, laisse venir l’oubli. » Alfred de Musset
Mot: oubli
Motif: A la russe
Je vous rappelle les modalités du challenge:
- Chaque lundi, je poste le sujet du challenge. Vous avez jusqu’au dimanche soir suivant pour poster vos propositions sur le groupe facebook.
- Je vous propose plusieurs possibilités: une citation, un mot, un motif de zentangle. A vous de choisir d’en utiliser un ou plusieurs. Les liens vers les tutoriels éventuels seront inclus.
- Vous pouvez dès lors décorer votre carte, ou encore votre page de cahier.
- Surtout, amusez-vous, prenez ce temps pour vous, profitez, laissez parler votre créativité. Partagez aussi, chacun peut être une source d’inspiration pour les autres!
Et voici ma carte: