Cheminement du 14 novembre

Chaque jour de ce mois de novembre, je laisse un générateur de nombre aléatoire choisir aléatoirement une carte issue d’un des jeux du cheminement. Et je chemine avec.

Carte du jour: 28ème carte du cheminement n°4: s’épanouir.

Qu’est-ce qui fait briller mon étincelle ?

  • Qu’est-ce qui me passionne ?
  • Qu’est-ce qui me donne envie ?
  • Qu’est-ce qui fait de moi celui ou celle que je suis ?
  • Qu’est-ce que je porte en moi et laisse rayonner ?
  • Comment permettre à mon feu intérieur de briller ?
  • Comment nourrir mon étincelle ?

J’ai en moi cette étincelle destinée à briller de tous ses feux. C’est ce qui m’anime, ce qui me passionne, ce qui donne un sens à ma vie. Sans elle, je ne suis qu’une coquille vide. Elle peut prendre une multitude de formes, être plus ou moins lumineuse, mais elle est là, en moi, et ne demande qu’à s’exprimer. Parce que c’est aussi ce que les autres perçoivent de moi, ce qui rayonne. Aujourd’hui, je me demande ce qui la fait briller, ce qui la nourrit, ce qui lui donne cet éclat particulier.

Je pense qu’en ce qui me concerne, mon étincelle est ma créativité. Je n’imagine pas passer une seule journée sans faire preuve de créativité, sans dessiner, sans écrire, sans jouer de la musique, sans bidouiller les mille et un projets que j’ai en cours. Et si je n’ai pas le temps de faire quelque chose, de créer quelque chose, de la matérialiser, je fais preuve de créativité en laissant mon esprit errer et imaginer des mondes inexplorés, créer des tableaux imaginaires… ma créativité me parait parfois sans limites et je dois la réfréner un peu. Mais même lors de mes moments les plus sombres, elle était là, elle m’accompagnait sur le chemin du retour à la vie, pas à pas.

Après les traitements pour mon lymphome, j’avais beaucoup de mal à me concentrer, à mémoriser, à retenir des phrases que je lisais. Ce qui était quelque chose que j’avais vraiment du mal à accepter… Alors j’ai décidé de me lancer dans …. les fleurs et les flocons au crochet. Alors que je ne savais faire qu’un seul point au crochet. Mais j’en avais envie, et j’avais déjà appris à suivre mon intuition lorsque ce genre d’envie me prenait. J’ai donc exercé ma mémoire en apprenant à faire de fleurs et des flocons au crochet… Peu à peu, j’étais capable de retenir le motif à répéter, d’abord pour chaque rang, et ensuite pour réaliser l’objet entièrement. Je savais alors que je pouvais essayer de me remettre à la lecture. Petit à petit… d’abord des poèmes, dont je notais les vers qui me touchaient le plus, puis des nouvelles, et enfin des romans, pour finir par des romans en anglais. J’ai su alors que j’avais retrouvé mes capacités… et que je pouvais me lancer dans plus complexe, plus long… deux ans et un enfant plus tard, je passais et réussissais le concours de professeur des écoles, qui a été ma profession pendant 15 ans. Tout ça en commençant en crochetant des fleurs et des flocons… Un pas à la fois, un jour à la fois. Ma créativité m’a empêchée de me morfondre, de rester dans la frustration avec cette tentation vaine de briser les étapes…

Lorsque j’ai fini par envoyer mon mari à l’autre bout du monde (littéralement) pour me protéger ainsi que ma fille, je me suis retrouvée dans une situation très compliquée, entre les menaces incessantes, les crises de ma filles, mon année de stage avec un travail conséquent… Mais encore un fois, ma créativité m’a ouvert ses bras et je m’y suis réfugiée… Meuble en carton, couture de toute sorte, patchwork à la main ou à la machine, bidouillages divers et variés avec ma fille, et premiers coloriages pour l’école. Tout était bon (si bon!!) pour m’aider à tenir, à évacuer, à faire de cette situation compliquée à tant de niveaux quelque chose de beau, de positif, d’utile, de joyeux. Un pas à la fois, un projet à la fois. Et j’ai tenu, j’ai retrouvé un peu de sérénité grâce à tous ces moments où je pouvais me vider la tête en laissant mes doigts prendre le relais. En transformant mes moments de doute, de détresse aussi parfois, de tristesse, d’impuissance, en objets qui sont emplis de joie, de moments partagés, de complicité, de rires, d’amour, surtout. Et me prouver que j’étais capable de faire quelque chose, que je n’étais pas si impuissante. Bien au contraire.

Lorsque j’ai perdu ma fille, mon monde s’est écroulé. Mais j’ai réussi à écrire les mots que je ne pouvais, que je ne voulais pas dire. Ma limonade en est l’expression… un poème lorsque je me sentais déborder… un poème lorsque je me sentais si vide. un poème pour me rappeler qui j’étais, maintenant que je me retrouvais sans but… Ce blog aussi en est l’expression, en un sens. Faire de cette horreur absolue quelque chose de créatif, de créateur. Écrire ce qui ne peut être dit. Écrire ce qui doit être dit. Et redonner du sens à ce qui n’en a plus. Un mot à la fois… me réfugier dans l’anglais, ma langue émotionnelle, lorsque je ne pouvais pas le faire en français. Laisser mon coeur saigner, puis cicatriser, laisser la vie reprendre ses droits. Et dire, encore et toujours combien il est difficile de revenir à la vie lorsqu’on a appris à survivre aussi longtemps… Mais que c’est possible. Dire, écrire, raconter l’espoir. Écrire la détermination de me retrouver dans les décombres de que ce j’avais vécu. Et laisser les mots s’envoler, s’ancrer. M’ancrer.

Lorsque j’ai eu le Covid, je me suis retrouvée à chaque fois avec une bronchite asthmatiforme (je suis asthmatique, à la base)… Plus de souffle du tout, très frustrant là encore, épuisant physiquement… Mais lorsque j’ai senti que j’étais à peu près sortie du moment le plus compliqué, j’ai attrapé mes flutes… et elles m’ont aidée à mesurer les progrès que mon amplitude respiratoire faisait… J’ai là aussi commencé avec des morceaux très courts, avec la flute qui demande le moins de souffle. Je ne me forçais pas… un pas à la fois… puis je suis passée à des morceaux plus longs, qui demandaient plus de soutien de souffle… et je suis passé à une flute qui demandait plus de souffle, et à une autre… jusqu’à ce que je sois capable de jouer un morceau plutôt long et lent avec mon low whistle… là, je savais que c’était bon, j’avais récupéré. Ma créativité m’a permis de poser les jalons de ma récupération, alors qu’aucun réel suivi n’était possible alors…

Lorsque j’ai fait mon burn out (une magnifique, apocalyptique implosion, de toute beauté!), je n’arrivais là encore plus du tout à avoir accès à mes capacités mentales… impossible de me concentrer, de mobiliser mon intention, d’avoir même un flux de pensé constant… j’étais comme dans du coton, complètement embrumée (sans doute la fumée issue de ma crémation mentale). Mais là aussi, j’ai fait appel à ma créativité. Un dessin par jour. Je pouvais au moins faire un mini dessin par jour… et puis un croquis par jour… et une page par jour… et je peux chercher des références… et explorer de nouvelles techniques… et surtout laisser le crayon ou le feutre évacuer ma frustration, ma colère, ma déception… Et puis faire inktober, me pousser un peu plus… aujourd’hui, j’ai repris mes cours de peinture digitale, et je suis plus motivée que jamais.

Mais ma créativité, c’est aussi quelque chose qui me fait vibrer. J’aime écrire, dessiner, jouer ou écouter de la musique, créer… c’est quelque chose que j’ai toujours eu en moi.. Un simple bout de bois peut m’inspirer tellement de possibles qu’il m’est parfois difficile de choisir quoi en faire. J’ai toujours des tas d’idées, et je ne m’ennuie jamais. Tout est jeu, tout est exploration. C’est vraiment ce qui m’anime, au plus profond, ce qui nourrit et fait briller mon feu intérieur… et j’ai la possibilité de partager cet enthousiasme, mes découvertes avec le monde entier, si je le désire… Et si en le faisant, j’inspire d’autres, si je leur donne envie d’essayer, eux aussi, de laisser leur créativité éclater au grand jour, alors j’ai atteint mon objectif. Et ça me motive pour le faire encore et encore, par pur plaisir, parce que j’en ai envie, parce que c’est quelque chose qui fait partie de moi.

Ce qui fait briller mon étincelle, c’est ma créativité, c’est cette capacité de lui faire confiance, de m’en remettre à elle lorsque je suis au plus bas… de transformer le pire en beau, en sérénité, en joie, en espoir… et me prouver que je peux y arriver. Que je suis capable. Que je suis en vie. Mais aussi parce que c’est ce qui me fait vibrer, ce qui me fait plaisir, ce qui me permet de revenir à moi, de m’ancrer, de retrouver ma paix intérieure, de m’exprimer, de me lâcher, de m’épater…. Pour enfin partager la joie de briller à nouveau avec le monde entier.

Parce que je le mérite.

Je vous souhaite une journée magique.

La carte du jour fait partie du jeu du cheminement n°4: s’épanouir. Vous le trouverez ici.

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