Chaque jour de ce mois de novembre, je laisse un générateur de nombre aléatoire choisir aléatoirement une carte issue d’un des jeux du cheminement. Et je chemine avec.
Carte du jour: 4ème carte du cheminement n°2: une vision claire.

Pourquoi n’ai-je qu’à me laisser porter ?
- Qu’est-ce que je contrôle dans ma vie ?
- Comment est-ce que je me sens à l’idée de ne pas tout contrôler?
- Comment rester confiant(e) ?
- Est-ce que je dois tout lâcher, ou est-ce que je reste maitre/maitresse de mon intention ?
- Qu’est-ce que ça peut m’apporter ?
Nous avons tendance à vouloir contrôler ou du moins vouloir maitriser chaque aspect de notre vie. Et pourtant, si il nous appartient de donner les grandes lignes de ce que nous voulons faire ou être, si nous pouvons poser des intentions claires, rien n’est jamais gravé dans le marbre. Et si nous sommes trop rigides dans notre volonté de contrôle, nous pouvons rapidement nous retrouver dans un état de stress, de perte de moyens au moindre obstacle, au moindre retard, au moindre grain de sable. Il n’est pas question de devenir complètement passif, mais de trouver un équilibre entre les deux. Et d’accepter et comprendre que nous laisser porter peut nous apporter bien plus que de vouloir que tout se passe exactement comme nous l’avons envisagé. Laissons toute sa place à l’inattendu, qui nous ouvrira des possibilités que nous n’aurions jamais pu imaginer sinon.
Je ne fais pas de projet à long terme. C’est une des leçons que la vie m’a apprise de manière plutôt directe. Chacun des projets que j’ai pu faire dans le passé a explosé en vol, dans un formidable feu d’artifice, en me laissant dans un joli tas de cendre… bref, j’ai appris à ne pas élaborer de projet détaillé sur ce que je voulais faire de ma vie, sur ce que je voulais vivre… Lorsque le besoin se fait sentir, je pose une intention claire, un temps pour y parvenir, et j’avance vers cet objectif, mais je ne trace pas la route qui m’y mène. Ça ne m’appartient pas. Mon intention peut évoluer, le temps pour atteindre mon objectif peut être raccourci ou étendu, je peux prendre des chemins de traverse parce qu’ils me paraissent intéressants… Je sais ce que je veux atteindre, je sais que je l’atteindrai, même si ce ne sera pas forcément sous la forme et dans le temps que j’avais envisagés au départ. Et tout est bien.
Une fois mon intention posée, je ne m’en inquiète plus. Par contre, je me mets en route, c’est à dire que je fais ce qu’il me semble devoir faire pour l’atteindre. Je sais quelle direction prendre, et j’agis chaque jour dans ce sens, tout en prenant soin de moi physiquement et mentalement. Et je saisis les opportunités qui se présentent à moi pour me donner de quoi avancer un peu plus loin, un peu plus facilement. Je ne m’inquiète pas des obstacles, je les considère comme des points d’étape (et j’ai déjà écrit ce que je pense des obstacles ici). Et tant que je me sens en accord avec ce que je fais, je sais que je suis sur la « bonne voie », celle que je suis sensée prendre.
S’il m’arrive de douter, j’essaie de porter attention à ce qui se passe autour de moi et en moi. Et en général, quelque chose me confirme ou infirme mon choix. Je me laisse porter par le flux de la vie, mais je ne suis pas passive. J’agis, je construis, j’apprends, je comprends. Et tout ça me mène vers la réalisation de mon intention.
En lâchant le contrôle de chaque aspect de ma vie, je suis libre de vivre pleinement ce qui se présente à moi. Parce que les relations, les situations qui se trouvent sur mon chemin lui apportent un sens. Je suis libre de m’adapter à ce qui se présente sur mon chemin et d’en tirer le meilleur. Parce que ce qui compte, c’est justement ce que je vis, et non une date que j’ai posée aléatoirement et artificiellement. Je sais que j’avance, et que je me sens bien, en accord avec moi même.
Lorsque je repense à mes tentatives de contrôle (oui, je suis très obstinée, il y en a eu plusieurs… ), je comprends que je l’ai fait justement à des moments où j’avais l’impression de perdre complètement le contrôle de ce qui se passait. Et la peur de l’inconnu, de perdre ce que j’avais, m’avait poussée à me raidir sur mes positions… En vain… Par ce que c’était déjà fini avant même que je ne m’en aperçoive. Que je suis loin de percevoir tout ce qui est en jeu à tout moment dans ma vie. Et qu’il ne m’appartenait pas de me forcer à prendre telle ou telle direction.
Par contre, j’ai pris le parti de me laisser porter à un moment déterminant de ma vie, pour la première fois. J’ai été diagnostiquée avec un lymphome à 27 ans, et si mon pronostique était plutôt très encourageant (98% de guérison, ça booste le moral), je savais que je devais passer par de la chimiothérapie suivie de radiothérapie. Au moins 6 mois de traitements qui s’attaqueront au cancer, mais aussi au reste… Mon intention était donc d’être en bonne santé à l’issue du traitement. Et je me suis laissée portée par les médecins, un pas à la fois. J’ai pris cette expérience comme une sorte de rite de passage. Elle a aussi mis en lumière certaines choses que j’aurais préféré ignorer, mais qui m’ont beaucoup appris sur moi, sur ma relation aux autres, sur la façon dont chacun vit la maladie de manière différente. Ce fut réellement un rite de passage, quelque chose de fondateur dans ma vie. C’est là que j’ai posé les premiers jalons de ma philosophie de vie. Je me suis laissée portée par les spécialistes, je m’en suis remise au protocole. Et si à l’issue des traitements, mon corps était méconnaissable, épuisé d’avoir lutté si fort, il avait résisté, il avait tenu bon, contrairement au cancer, qui lui avait été détruit. Quant à mon mental, il avait subit une remise à niveau fulgurante. Si je suis déterminée aujourd’hui, ce n’est rien comparée à ce moment-là de ma vie. Et surtout, j’avais pu prendre le temps de me connaitre, vraiment, de prendre conscience de mes forces et de mes faiblesses, de ce qui était essentiel et de ce qui était superficiel…
Je ne sais pas comment j’aurai vécu la même expérience si j’avais voulu garder le contrôle… Objectivement, je m’en serai probable ment sortie aussi, mais par contre, je serai passé à côté de tout ce que j’ai eu l’opportunité de comprendre, de percevoir, d’accueillir, de ressentir. Et je ne serai certainement pas celle que je suis aujourd’hui.
Aujourd’hui, je me retrouve à nouveau dans une situation où je peux choisir de prendre le contrôle, ou de me laisser porter. Et ce, dans plusieurs domaines de ma vie. Oh joie ! J’ai posé mes intentions claires, pertinentes, du moins, elles me semblent l’être à ce moment de ma vie. Et j’avance vers mon objectif, un pas après l’autre, en saisissant les opportunités lorsqu’elles se présentent, en étant attentive aux petits riens, en recevant ici ou là la validation que je suis sur le bon chemin. Et je me sens bien. S’il m’arrive de m’inquiéter, de stresser pour des choses qui ne sont pas de mon ressort, je prends de grandes respirations, je fais une pause mentale, je me fais un bon thé et je reviens à moi, ici et maintenant. Le reste n’a pas d’importance. J’ai confiance en moi, en ce que je fais.
Parce que je le mérite.
Je vous souhaite une douce journée.
La carte du jour fait partie du jeu du cheminement n°2: une vision claire. Vous le trouverez ici.