Mon voyage intérieur: mai (01)

voyage en tête

Cinquième étape de notre voyage. Jusqu’ici nous avons appris, respecté, accepté et gagné en confiance. Il est temps de passer à une autre étape, plus profonde peut être, plus tournée vers l’ouverture. L’ouverture… je n’ai pas fini de vous en parler ce mois-ci!

Durant ce mois de mai, nous allons donc… écouter.


Ecouter

verbe transitif

  • Être attentif à un bruit, à un son, à de la musique, etc., les entendre volontairement.
  • Prêter attention à ce que quelqu’un dit pour l’entendre et le comprendre.
  • Tendre l’oreille pour percevoir le bruit produit par quelqu’un, quelque chose.
  • Accepter d’entendre ce que quelqu’un a à dire, lui donner audience.

1. Écouter ce qui nous entoure

La nature et ses chuchotements

Ce mois-ci on va se concentrer sur ce qui se passe autour de nous. Les beaux jours sont le moment propice pour observer la nature, pour écouter chacun de ses chuchotements. Elle a vraiment de magnifiques messages à nous transmettre, pour peu qu’on prenne le temps de l’écouter. Que ce soit le souffle du vent dans les arbres, le murmure d’une rivière, le bruit de la pluie contre les fenêtres ou sur le sol, le son de nos pas dans l’herbe, tout nous demande d’être à l’écoute, attentif. Tout nous propose de nous ouvrir à la vie qui vibre autour de nous.

Depuis quelques jours, j’ai aussi la chance de me réveiller au son des chants d’oiseaux. Et je ne connais pas de meilleure façon de commencer une journée. Un peu comme si je m’éveillais en même temps que la nature autour de moi, en harmonie.

Prendre le temps de réellement écouter, et non pas uniquement entendre ce qui nous entoure nous permet d’entrer dans un état d’ouverture au monde, de sérénité, méditatif. On ressent alors un profond sentiment d’appartenance, une connexion profonde. Et c’est ce voyage-là que nous allons effectuer ce mois-ci. Un voyage intérieur et extérieur. la création d’un lien avec le reste du monde, à travers l’écoute, tout simplement.

Loin de se limiter à l’observation passive des sons, il s’agit également de s’ouvrir à ces sons, de se laisser atteindre, de les ressentir.

Pour pouvoir réellement écouter, il faut parvenir à faire le vide en soi, chasser ses pensées, se concentrer sur sa propre respiration, prendre conscience de l’air qui entre et qui sort de nos poumons. Calmement, silencieusement. Fermer les yeux peut également nous permettre de nous concentrer sur notre sens de l’ouïe.

Lors de mes balades matinales au lac, j’aime prendre le temps d’écouter, de distinguer et de me concentrer sur un seul son à la fois. Je ressors de mes séances apaisée, plus attentive également, mes sens en éveil, prête à affronter ma journée le plus sereinement possible.

Chaque saison, chaque moment de la journée nous offre sa propre symphonie, pour peu qu’on décide de l’écouter, simplement. Que ce soit un orage et ses vibrations, ou une chute de neige et le silence cotonneux qui l’accompagne, la pluie, le vent, la glace, l’eau… la nature est généreuse en sons de toutes sortes qu’il nous suffit d’écouter.

La musique et son pouvoir

Je ne peux pas imaginer une journée sans musique. Elle m’accompagne partout où je vais, à tout moment de la journée. Que je l’écoute, que je la joue, ou que je chante, la musique m’est aussi indispensable que l’air que je respire.


La musique met l’âme en harmonie avec tout ce qui existe.

Oscar Wilde


Et pour moi c’est tout à fait ça. Tout ce que je ne peux pas mettre en mots,  je le trouve dans la musique. Tout ce que je ne veux/peux pas dire, je l’exprime en musique. La musique me touche très profondément, me fait vivre des émotions dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Avec le temps, j’ai eu la chance de découvrir des styles et des artistes très différents. Je peux désormais accorder mon univers intérieur avec une œuvre, un morceau, une chanson, au gré de mes envies ou de mes besoins. Un peu comme créer la bande originale de ma vie. Et clairement, pour moi, c’est magique.

J’ai déjà partagé ici certains de mes coups de cœurs, et je continuerai de le faire. Et pour moi, ces extraits sont autant porteurs de sens que les mots que je partage sur ce blog. Ils expriment parfois bien plus que mes mots ne sauront jamais le faire ce que je ressens.

Après, mon écoute musicale n’est pas que passive. Je peux décider de programmer une liste de morceaux bien précis pour m’aider à accomplir une tâche, me mettre dans l’esprit, ou encore m’aider à retrouver mon calme… je médite en musique la plupart du temps, et j’aime accompagner certaines de mes lectures d’un fond sonore que je juge approprié.

La musique m’apporte vraiment beaucoup. Et ce mois-ci, elle sera mise à l’honneur encore plus qu’à l’accoutumée. Parce que réellement écouter une musique, chaque note, chaque mouvement, chaque instrument, chaque vocalise, c’est un voyage en soi.

2. Écouter ceux qui nous entourent

Vous devez vous en douter, je suis très bavarde. Vraiment très bavarde… non pas parce que j’ai peur du silence (j’aime aussi le silence, il a une place toute particulière pour moi), mais parce que j’ai envie de partager… Il m’a donc longtemps été très difficile d’écouter… j’ai appris, et je continue à apprendre à le faire.

Savoir quand parler et quand écouter. Quel beau voyage que celui-ci! Et quelle richesse il apporte à celui qui ose écouter, vraiment, sincèrement, les autres. Quelle leçon d’humilité, de compassion, d’ouverture que celle d’écouter!

C’est sans doute pour cela que ça m’était aussi difficile: prendre le temps d’écouter l’autre, c’est aussi s’ouvrir à ce qu’il a à dire. C’est aller vers lui, essayer de le comprendre, du moins créer un lien, une connexion. C’est se rendre perméable à ses mots, à ses pensées, à sa vision des choses. Et pour cela, il faut en avoir pleinement conscience et faire l’effort de réellement écouter, et non uniquement entendre. Prendre le temps, accueillir les mots, apprendre à s’en détacher ou au contraire s’en rapprocher.

C’est aussi se connecter à l’autre, à sa voix, à son intonation, à son rythme. Se laisser aller à suivre son tempo. Percevoir ses hésitations, ses silences riches de sens, l’accompagnement de gestes, de bruissements… écouter l’autre….

C’est tout un art, en définitive, d’écouter. Une expérience humaine riche de sens et de conséquences. C’est un moment de partage, de communication qu’on a tellement tendance à oublier, à occulter. Et pourtant, pendant des millénaire, c’était la base des relations humaines, de la construction d’une culture. Écouter les légendes, les mythes fondateurs, les événements du monde. C’est ce qui a soudé et constitué des groupes, des civilisations. C’est ce qui a ancré un système culturel dans une population donnée. C’est ce qui constituait son identité: l’appartenance à un groupe qui partageait les mêmes références, les mêmes croyances, les mêmes lois, le même système de valeurs… et le tout grâce à la transmission orale. Écouter l’autre, le colporteur, l’ancien, le sage, le professeur, le seigneur, le héraut… prendre le temps de le faire, à la veillée, pendant les moments importants qui rythmaient la vie de nos prédécesseurs…

Aujourd’hui, nous sommes submergés par des médias divers et variés qui nous abreuvent d’informations en flot continu, et nous ne prenons plus vraiment le temps d’écouter, d’analyser, de comprendre. Nous réagissons plus que nous agissons. Nous avons perdu ce lien. Nous nous déconnectons peu à peu de cette appartenance à un groupe plus vaste, nous nous détachons de nos ancrages. Nous ne faisons qu’effleurer superficiellement et rapidement des bribes qui surgissent sans cesse… Nous n’avons plus le temps…

C’est ce que je vous propose de faire ce mois de mai: vous reconnecter avec vos proches,prendre le temps de les écouter, communiquer, échanger. Prendre conscience de l’importance des mots.

Écouter, c’est aussi percevoir les non dits, comprendre le sens des silences, en estimer la portée. C’est apprécier les soupirs, les murmures, les respirations. C’est entrer en contact véritablement avec ceux qui nous entourent.

3. S’écouter

Je n’écrirai pas le mot en B, mais clairement, c’est tout l’esprit de cette partie de notre voyage. S’écouter.

Se faire confiance

je suis plutôt lucide en ce qui me concerne. Je suis capable de discerner ce que j’ai réellement besoin de faire de ce dont j’ai simplement envie. Alors lorsque je suis prise d’une envie irrésistible de concombre ou de carottes, je sais que mon corps le réclame, et je l’écoute. ça correspond simplement à la nécessité de combler une carence quelconque.

J’ai appris à me fier à mon intuition, à me faire confiance. J’évite donc de faire ce qui me parait hasardeux. Si je n’ai pas le choix, je sais que je devrai me montrer plus prudente qu’en temps ordinaire. Et c’est en prenant le temps d’observer, d’analyser, de comprendre mes réactions et celles des autres que j’ai aiguisé cette perception.

Lorsque je rencontre quelqu’un pour la première fois, j’essaie de prendre conscience de mon ressenti. Quitte à le réévaluer au fur et à mesure de ma connaissance de la personne. Mais je me fais confiance. Si je ne ‘sens’ pas la personne, j’essaie de comprendre pourquoi, d’être la plus objective possible. N’étant pas complètement asociale, j’écoute le message que mon corps ou mon esprit me transmettent. Ils sont souvent raccord, d’ailleurs…

Mieux se connaitre

En s’écoutant, en ayant conscience des réactions que notre corps ou notre observation de ce qui nous entoure nous transmettent, nous apprenons également à mieux nous connaitre. Si je réagis de telle ou telle manière face à une situation ben précise, il m’appartient de comprendre d’où vient ce ressenti, pourquoi il apparait ainsi et ce qu’il m’enseigne. Évidemment, nous pouvons le faire a postériori. Inutile d’analyser in situ pourquoi nous avons envie de fuir une situation de danger….. mettons-nous d’abord à l’abri avant d’analyser!

Il ne s’agit pourtant pas pour autant de faire preuve de complaisance… Je suis certainement plus dure envers moi-même que je ne le suis avec les autres. Mais c’est mon mode de fonctionnement, je le connais, et il me fait souvent sourire. Je peux ignorer une douleur, une fatigue… Parce que je me connais et que je sais que je peux les surmonter, qu’elles ne m’empêchera d’atteindre l’objectif que je me suis fixé. Ma détermination est aussi le fruit de cette tendance à me pousser à aller juste un peu plus loin, une fois de plus… mais j’ai aussi parfaitement conscience de mes limites et je sais ne pas les dépasser.

J’ai en moi, comme nous tous, cette petite voix intérieure qui me guide et me rappelle mes expériences passées, mes erreurs, les leçons que j’en ai tirées. Ce mois de mai, je vais tenter de l’écouter un peu plus, pour en apprendre un peu plus…

Cependant reconnaitre nos réactions ou nos réflexes nous permet de mieux nous connaitre, de mieux nous comprendre. Et d’en tirer les leçons pour grandir, pour tirer les conséquences qui s’imposent. D’affuter son instinct, son intuition. D’être au plus près de soi.

Être soi-même

S’écouter, c’est aussi parvenir à un accord entre ses actes et ses paroles. Parvenir à une intégrité, à une sérénité également.

Cependant, il faut parvenir à bien discerner ce qui est de l’ordre de l’instinct, de l’objectivité, et ce qui est le résultat d’une envie. Ce qui requiert du temps, et une volonté d’évoluer.

S’écouter, ce n’est pas non plus se trouver des excuses pour ne pas agir sur ce qui nous empêche d’avancer. Avoir conscience d’un obstacle ne signifie pas forcément que nous sommes forcés à l’immobilisme, à la complaisance. Mais plutôt que nous allons devoir trouver les ressources pour le contourner, le surmonter, le dépasser. S’écouter en définitive, ce n’est que le premier pas vers des processus bien plus complexes quoi que naturels pour avancer sur notre chemin personnel. Nous pouvons décider de prendre en considération ce que nous ressentons mais de le transcender pour passer à l’étape suivante.

 

Alors pendant ce mois de mai, prenez le temps d’écouter, reconnectez vous avec ce qui vous entoure, ceux que vous côtoyez, et votre petite voix intérieure qui ne demande qu’à s’exprimer. Profitez de chaque moment. Ouvrez vous et laissez vous envahir par toutes vos découvertes. Que cette étape de notre voyage soit aussi magique pour vous qu’elle l’est déjà pour moi.

Some lemonade?

I really feel something is about to happen, a kind of renewal. New moon, Spring, everything leads to this simple thought: be ready, it’s beginning. Nature speaks to my soul… and I love it!

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Un peu de limonade?

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé la tempête, le bruit de la pluie. Un peu comme un rythme apaisant, une odeur de terre qui m’ancre. Un peu comme si la tempête qui grondait dehors entrait en résonance avec celle qui bouillonnait à l’intérieur… une réponse de la nature à ma propre nature…

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Racines

Après une semaine de vacances sous la pluie et la fraicheur, me voila de retour chez moi… Alors j’aurai pu râler sur la météo et ce qu’elle nous a empêcher de faire. Mais cette semaine avec mes parents a été très riche.

Nous avons passé beaucoup de temps à parler, à partager, à nous souvenir, à rire aussi. Ce sont des moments précieux, qui mettent du baume au coeur. Les racines, qui nous permettent de grandir.

Du coup, nous avons transformé cette semaine en retraite littéraire et philosophique, ponctuée de ci de là de balades entre deux averses.

Lorsqu’on nous sommes arrivés sur notre lieu de vacances, j’étais encore pleine de la tension du travail, des relations compliquées, et j’étais épuisée. Cette semaine m’a permis de prendre du recul, et de faire un grand pas en avant. Bon, j’avoue, la relecture de l’Art de la guerre de Sun Tzu, du prince de Machiavel et des Pensées de Marc Aurèle ont aidé…. oui, dans les cas de fatigue mentale, je me replonge dans les classiques…

L’Art de la guerre… non pas pour partir au combat, mais pour mieux comprendre les mécanismes qui régissent les rivalités, les conflits, et les décisions prises pour écraser son adversaire…. bon, dans mon cas, on est loin, très loin du respect que Sun Tzu accordait à ses adversaires… mais ce n’est pas grave, j’ai compris pas mal de chose…

« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. »

« Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre »

« C’est lorsqu’on est environné de tous les dangers qu’il n’en faut redouter aucun. »

« Notre invincibilité dépend de nous, la vulnérabilité de l’ennemi de lui. »

Machiavel m’a aidée en ce sens hahaha.

« Il y a trois sortes d’esprit. Les uns entendent par eux-mêmes ; les autres comprennent tout ce qu’on leur montre ; et quelques uns n’entendent, ni par eux, ni par autrui. Les premiers sont excellents, les seconds sont bons, et les derniers inutiles. »

« Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es. »

« C’est ici l’occasion de remarquer qu’on peut inspirer la haine aussi bien par les bonnes œuvres que par les mauvaises. »

« Un acte de justice et de douceur a souvent plus de pouvoir sur le coeur des hommes que la violence et la barbarie.  »

« Les mots sont des armes.  »

« Le vulgaire est toujours séduit par l’apparence et l’événement : et le vulgaire ne fait-il pas le monde ? « 

Et puis une fois que je m’étais libérée de cette tension, que j’avais lâché prise, Marc Aurèle m’a donné de quoi reprendre des forces, de quoi relativiser, de quoi me retrouver…

« Si tu es en peine à cause d’une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, c’est le jugement que tu portes sur elle. »

« Tu peux, à l’heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle retraite n’est plus tranquille ni moins troublée pour l’homme que celle qu’il trouve en son âme. »

« Qui vit en paix avec lui-même
vit en paix avec l’univers. »

« Creuse au dedans de toi. Au-dedans de toi est la source du bien, et une source qui peut toujours jaillir, si tu creuse toujours. »

« Le meilleur moyen de te défendre est de ne pas leur ressembler.  »

« En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d’être heureux.  »

« Tout est éphémère , et le fait de se souvenir , et l’objet dont on se souvient .  »

« Comprends-le bien, sois sensé ; tu peux revivre. Vois à nouveau les choses comme tu les voyais ; car c’est cela revivre.  »

« Il est honteux que, dans le temps où ton corps ne se laisse point abattre, ton âme, en ce même moment, se laisse abattre devant lui.  »

« Juge-toi digne de ne jamais dire ou faire que ce qui convient à ta nature. Que le blâme ou les discours d’autrui ne t’en imposent point.  »

« Je suis souvent étonné de voir combien chacun s’aime lui-même plus que tout et pourtant tienne moins compte de son propre jugement sur lui même que celui des autres.  »

 

Si on ajoute à ça une bonne dose de méditation, je suis remontée à bloc, prête à poursuivre mon chemin.

 

mon voyage intérieur: avril (06)

Quelques petites citations à méditer…

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mon voyage intérieur: avril (03)

Je reviens au format post-it ce mois-ci. Je préfère le format carré en ce moment…

confiance

  • fond: aquarelle
  • lettrage: une de mes polices expérimentales.
  • motif: Kaboom
  • stylo: Uni ball signo vert métallisé
  • crayon de couleur.

 

Mon voyage intérieur : mars (06)

Aujourd’hui, j’aimerais aborder deux notions distinctes, voire antagonistes, et qui pourtant m’occupent beaucoup l’esprit ce mois de mars: accepter et renoncer d’une part, et accepter l’inacceptable d’autre part.

Et étrangement, elles se retrouvent dans cette citation:

« L’acceptation est une alternative à l’affliction, pas à l’action ».

Christophe André

1. Accepter et renoncer

Accepter ce n’est pas renoncer, même si on pourrait penser le contraire. Accepter, c’est se libérer émotionnellement de quelqu’un ou de quelque chose qui jusque là nous empêchait d’avancer. En acceptant, on lui retire en quelque sorte tout le pouvoir qu’on lui octroyait sur notre existence, nos pensées, nos actes.

Attention, l’acceptation ne signifie pas pour autant échec, ou même défaite, ou lâcheté.

J’accepte de ne pas pouvoir faire grand chose pour la paix dans le monde. Ce n’est pas de mon recours. J’arrête donc de m’inquiéter ou de m’angoisser à ce sujet. Toute cette énergie que je ne dépense plus à ce sujet, je peux la focaliser sur ce que je peux faire, à mon niveau (en l’occurrence, à un niveau très local, avec ma famille, mes voisins, et dans mon cas, j’ai la chance de pouvoir planter des graines chez mes élèves). J’ignore si ce que je fais portera ses fruits, et j’accepte de ne faire que semer. Mais c’est déjà bien plus que rien.

En fait, accepter permet de se décentrer d’une situation anxiogène ou un sentiment d’impuissante pour nous permettre d’agir réellement, concrètement.

En acceptant, on se réapproprie la capacité d’agir, d’être soi, et uniquement soi, et non de n’être qu’une réaction émotionnelle à un événement ou à une personne. On se détache, voila tout, mais on ne renie pas, on ne renonce pas. Au contraire. On a bien conscience de l’existence de ce que nous acceptons, on lui donne même une existence plus ‘légitime’, mais on s’en libère émotionnellement.

ce qui m’amène à mon deuxième point:

2. Accepter l’inacceptable ?

Un exemple très personnel: je suis tombée sur cette citation de Christophe André il y a tout juste 2 ans. Alors que je veillais ma fille en réanimation pédiatrique, après qu’elle ait fait un AVC dans le cabinet de l’oncologue. Ne sachant pas si elle allait passer la nuit, mais étant parfaitement consciente des enjeux et des décisions que j’allais avoir à prendre, j’étais révoltée, inquiète (bon d’accord, folle d’angoisse), submergée par mes émotions. Impossible évidemment de dormir… j’avais pris de quoi lire et vers 2heures du matin, j’ai lu cette phrase. Et tout m’a paru bien plus clair. J’ai pu me libérer de ces angoisses et réfléchir posément à ce qui se passait, et à ce que j’allais devoir faire. La première chose, évidemment, était d’être là avec elle, de l’accompagner pour ce qui lui restait de temps. De continuer à être nous, de lui sourire, de la faire rire. De lui dire combien je l’aimais, aussi souvent que ces mots me venaient à la bouche. Et de la libérer le moment voulu. Et c’est ce que j’ai fait. La date anniversaire de son décès approche à grand pas… j’ai encore en moi les derniers jours de ma fille, leur intensité, leur violence, mais aussi leur richesse… Si je n’avais pas accepté son départ proche, je n’aurai pas sur/pu être là pour elle, et je ne le regrette pas. Pour autant, le combat a continué jusqu’au bout, vraiment jusqu’au bout…

Et si j’ai pu accepter, c’est que j’ai eu la chance d’avoir 2 ans pour m’y préparer.

En 2014, on m’annonçait non seulement que ma fille souffrait d’une tumeur cérébrale, mais qu’en plus celle-ci tait inopérable et incurable. Aucun espoir de survie. Après tout ce que nous avions vécu, toutes les épreuves traversées, c’était une claque de plus, et de la violence la plus cruelle qu’il soit… Inacceptable. Je suis passé par à peu près tous les stades émotionnels:

  • le soulagement: si si. Le soulagement que le comportement de ma fille, malgré ce qu’on m’avait reproché les 5 années précédentes, n’ait rien à voir avec moi. C’était la tumeur. Je n’étais pas responsable. Je n’étais pas coupable.
  • La colère: j’en ai voulu à la vie, à la chance ou son manque, à la terre entière.
  • L’acceptation: ok, c’est ce qui nous arrive. C’est comme ça, on n’a pas le choix. Par contre, on a le choix de gérer ça à notre manière.
  • La détermination: que ce soit ma fille ou moi, on a revêtu nos plus belles armures, et on a fait face. J’avais déjà affronté la mort, le crabe. Et j’avais gagné. Je savais ce qui nous attendait, même si j’avais parfaitement conscience que l’issue serait très différente. Mais je n’avais pas peur, et je pense que j’ai pu transmettre cette détermination à ma fille. Dans ses propres mots « je veux vivre aussi normalement que possible le plus longtemps possible. Je veux retourner à l’école et être avec mes copines. » Et c’est ce qu’elle a fait.
  • l’accompagnement: j’étais celle qui veillait. Aux moindres symptômes de rechute, aux rdv, au traitement, à l’apaiser lorsque l’angoisse la prenait, à lui donner la vie la plus sereine possible, la plus normale possible, à profiter de chaque jour comme si il était le premier.

Et je n’ai pu le faire que parce que j’avais accepté. Tout en gardant l’espoir d’un traitement, chaque jour étant une victoire en soi.

Un jour peut être que j’écrirai les derniers jours d’Emma. Pour le moment, ils sont encore trop à vifs pour que je puisse trouver les mots.

J’ai encore un long travail d’acceptation à faire, mais c’est une autre aventure qui s’appelle le deuil. Accepter l’absence.

Mon voyage intérieur: mars (03)

Pas de post-it ce mois-ci: j’ai acheté un cadre dans lequel je place le mot du mois. J’ai voulu faire simple cette fois. Toujours avec cette idée de paix. Au final, ma carte raconte une belle histoire: prendre ce que l’on est, l’accepter pour se sentir libre.

Scan

Mon voyage intérieur: mars (01)

voyage en tête

Deuxième escale de notre voyage. Nous avons d’ores et déjà découvert des contrées inconnues en nous et il nous faut maintenant commencer à les apprivoiser.

Ce mois de mars, j’ai choisi de me concentrer sur la notion d’acceptation. Ce n’est pas vraiment un hasard, puisque c’est un mois encore très douloureux pour moi, mais j’avais envie de le vivre différemment, plus profondément, sans me laisser submerger par mes émotions mais au contraire en faisant la paix avec tout ça.

Parce que pour moi, l’acceptation est loin d’être une simple résignation. C’est aussi et surtout ce qui me permet de me libérer et d’aller plus loin.

Commençons par quelques définitions:


accepter

verbe transitif

  • Consentir à prendre quelque chose, à recevoir ce qui est offert
  • Se déclarer prêt à faire quelque chose, à assumer une charge, à courir tel ou tel danger.
  • Consentir à subir quelque chose, à le tolérer de la part de quelqu’un, l’admettre, le supporter.
  • Considérer quelque chose comme juste, fondé, exact, l’admettre, l’approuver.

Pas si évident comme concept… et pourtant, il est tellement enrichissant!

1. L’acceptation d’une situation

Nous sommes tous confrontés à des situations désagréables, inconfortables, qui nous stressent. De celles qui nous tiennent éveillés la nuit, que nous ressassons encore et encore, qui nous frustrent. Ces situations pour lesquelles nous nous sentons impuissants mais qui, par contre, ont une réelle emprise sur nos pensées et nos vies… qui nous paralysent et nous entravent.

En laissant ces situations prendre une importance qui ne devrait pas être la leur, en les laissant prendre le contrôle de nos pensées, de nos émotions, nous nous coupons de moments et/ou de personnes qui pourraient avoir une importance bénéfique dans nos vies. En les acceptant, c’est à dire en se disant : « oui, soit, c’est là, ça existe, ça arrive, c’est comme ça », nous les privons de ce pouvoir qu’elles avaient sur nous.

J’ai été terrassée par la grippe. Et je suis une très mauvaise malade… J’ai du mal avec la sensation de faiblesse, les contraintes dues à la fièvre, la fatigue de la toux… Les premiers jours, la frustration était très forte. Et puis j’ai accepté de devoir me reposer, de ne pas pouvoir faire ce que je fais habituellement. J’ai profité de mon immobilisation forcée pour faire un petit bilan personnel, pour écouter de la musique, pour être dans le moment présent, tout simplement. Concrètement, j’étais toujours malade, toujours aussi faible. Rien n’a changé physiquement, matériellement. Par contre, émotionnellement, j’étais beaucoup plus disponible, beaucoup plus ouverte, beaucoup plus sereine. Et c’est ce qui a fait toute la différence. C’est en acceptant mon état de faiblesse que j’ai pu vivre de jolis moments. C’est en acceptant d’être malade et que ça prendra quelques jours avant de voir une amélioration que j’ai été disponible émotionnellement.

Accepter une situation permet une mise en perspective, une distanciation qui favorise l’action. C’est par l’acceptation que la prise de recul est possible. Tant qu’on refuse une situation, on ne peut être disponible émotionnellement. On est englué dans notre stress, notre colère, notre frustration et que sais-je encore. On alimente de fait l’emprise qu’à la situation sur nous. Pour reprendre les rênes de notre vie, il faut être capable d’accepter de ne pas tout maitriser, et de laisser ces expériences nous enseigner ce dont nous avons besoin.

En acceptant de vivre des expériences inconfortables, nous nous ouvrons à des aventures bien plus enrichissantes que notre quotidien si bien maitrisé (du moins le pensons-nous….).

Accepter c’est aussi prendre conscience que chaque émotion a sa propre valeur. En acceptant la tristesse, la frustration, la douleur même, on enrichit notre dictionnaire émotionnel personnel. Elles peuvent en plus mettre en perspective d’autres émotions plus positives, plus agréables. C’est en explorant l’éventail de nos émotions que nous parvenons à nous connaitre vraiment. En acceptant le fait que chaque émotion peut nous apporter quelque chose, nous nous permettons de vivre une expérience de vie bien plus riche.

Accepter c’est donc être en paix avec ce que la vie nous apporte, que ce soit positif ou négatif.

 2. L’acceptation des autres

Accepter l’autre est indispensable pour vivre plus sereinement. Nous vivons parmi les autres, avec les autres. Et les accepter tels qu’ils sont peut vraiment et simplifier et apaiser nos relations.

Accepter l’autre, ce n’est pas le juger. Il faut donc se décentrer et ne pas le voir à travers le prisme de ses propres valeurs. Ce n’est qu’en prenant de la distance, qu’en l’observant le plus objectivement possible qu’on peut parvenir à l’accepter. Cette personne n’est pas ‘plus…. ‘ou ‘moins ….’ que nous. Elle est, tout simplement.

Accepter l’autre, c’est prendre conscience qu’il suit son propre chemin, qu’il vit ses propres expériences, indépendamment de nous. C’est accepter sa différence et lui accorder de la valeur. Et au-delà de ça, c’est aussi l’opportunité d’observer un cheminement différent, et d’en tirer des enseignements. Et pour ce faire, il faut être capable d’avoir des relations apaisées avec les autres.

Accepter l’autre c’est donc faire preuve d’ouverture d’esprit, d’indulgence, de compréhension et se permettre des relations plus harmonieuses. Par contre, il est nécessaire d’établir des limites bien définies. Ce n’est pas parce qu’on accepte l’autre pour ce qu’il est qu’on l’autorise à nous blesser, à nous juger. Dans l’absolu, on peut attendre de l’autre la même acceptation. Dans l’absolu. En réalité, ne nous leurrons pas, le jugement d’autrui est une chose plutôt commune. A nous de savoir nous en protéger, d’en tirer les enseignements nécessaire et de passer à autre chose.

Accepter d’être jugé est aussi une expérience plutôt intéressante si on y réfléchit bien. je ne peux empêcher les autres de me juger à travers le prisme de leur propre expérience de vie. Pour autant, il m’appartient de ne pas permettre à ce jugement extérieur d’atteindre ma sérénité, mon équilibre intérieur. Pendant des années, j’ai été jugée, jaugée également, du fait des troubles du comportement de ma fille. Étant maman solo, ils ne pouvaient s’expliquer que par mon incompétence maternelle… au départ, j’ai beaucoup souffert de ce jugement injuste et si loin de la réalité. Et puis j’ai pris la décision d’accepter ce jugement pour ce qu’il était: de l’ignorance, de l’incompréhension, de l’intolérance. Peu à peu, je me suis détachée, j’ai accepté qu’il ne m’atteigne plus. Je dois avouer que ça n’a pas été facile, la frustration reprenait parfois le dessus. Le sentiment d’injustice m’oppressait parfois. Mais j’ai tenu bon. J’avais défini ma ligne de conduite, et j’espérais que, de guerre lasse, on ferait preuve de plus d’empathie. Ce qui n’est jamais arrivé. Par contre, tout a changé lorsqu’on a eu un diagnostique. Si j’ai été soulagée (je n’y étais effectivement pour rien!!), ceux qui ont été si prompts à me juger se sont sentis bien mal à l’aise (ma fille souffrait d’une tumeur cérébrale). Mon attitude n’a en rien changé. Par contre j’ai pu constater un grand changement chez ceux qui m’avaient jugée… En définitive, la leçon n’était pas pour moi, mais pour eux. J’espère qu’ils l’ont retenue, l’avenir nous le dira. Pendant ces années où leur regard se faisait vraiment pesant, j’ai moi aussi appris quelque chose: faire preuve d’intégrité, garder la tête haute, faire preuve de compassion. Nous en avons donc tous tiré quelque chose.

Enfin, il est un écueil dont il faut prendre conscience: lorsqu’on travaille sur soi, lorsqu’on découvre des philosophies, des pratiques qui nous conviennent, nous pouvons faire preuve d’un enthousiasme important et vouloir partager nos découvertes avec notre entourage.  Sans parfois prendre en compte leur propre cheminement. Voir le nier. Partager son expérience, partager son voyage est une étape vraiment enrichissante. Mais il faut aussi être capable d’accepter que l’autre ne soit pas réceptif, qu’il a son propre voyage à faire, son propre cheminement, son propre rythme. J’ai personnellement beaucoup de mal à me voir imposer des principes ou des préceptes parce que telle ou telle a entendu que ce truc était vraiment bien et que je devrais vraiment essayer, vraiment, parce que c’est ce qu’il FAUT faire….. euh…. comment dire… non. Si j’ai envie de tenter l’expérience, ce sera avec joie, mais par contre, je ne pense vraiment pas qu’il existe une seule et unique façon de …. de quoi d’ailleurs? De grandir? De prendre soin de soi? De se sentir bien dans son corps?

Je n’attends pas d’autrui qu’il accepte mon cheminement. Il m’est propre et je suis la seule concernée au final. Par contre, il m’appartient de préserver mon intégrité et de ne pas me laisser envahir. Pour cela, il me faut savoir où je me situe, et surtout accepter d’être celle que je suis.

Accepter les autres, c’est donc être en paix vis à vis d’eux.

3. L’acceptation de soi.

C’est au final l’étape la plus difficile. Mais elle est aussi la base du reste. S’accepter, c’est à la fois faire preuve d’honnêteté et de tolérance envers soi…

S’accepter, c’est prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses sans se juger, en essayant d’être le plus objectif et exhaustif possible. « Je suis comme ça. Et alors? »

On a trop souvent tendance à être très dur avec soi-même, bien plus qu’avec autrui. Nos défauts prennent le pas sur nos qualités. Pour autant, les accepter comme la preuve de notre imperfection les rend beaucoup plus ‘vivables’. Parce que non, désolée, personne n’est parfait, et que nos défauts, petits ou grands, font de nous ce que nous sommes au même titre que nos qualités.

S’accepter tels que nous sommes nous libère de la pression du regard d’autrui, du jugement d’autrui. Je sais qui je suis, je sais ce que je dois améliorer, ce qui fait ma force, ce qui est ma faiblesse. Si je le désire, je peux travailler sur moi et agir sur un domaine particulier. Mais si il est temps pour moi de faire une pause et de juste prendre conscience de celui ou celle que je suis aujourd’hui, je peux tout aussi bien le faire.

S’accepter passe par ce temps d’observation intérieur. Ce temps où on se permet de regarder le plus sincèrement possible la personne que nous sommes. Encore une fois, sans jugement aucun. Faire un état des lieux, un constat. Libre à nous d’en faire ce que nous voulons par la suite.

S’accepter c’est surtout se dire: « Je suis comme ça. Et c’est très bien ainsi. » A nous de prendre conscience des changements que la vie et son voyage opère sur nous, d’accepter que rien n’est gravé dans le marbre et qu’on va évoluer, mais que ce sera bien aussi.

S’accepter c’est donc surtout être en paix avec soi même.

Je ne suis qu’au début de mon cheminement sur l’acceptation…. je pense que le voyage sera riche ce mois-ci. Je n’oublierai pas de partager mes étapes, mes balises, mes escales.
Pour moi, ça ne sera pas la partie la plus simple, mais ce sera certainement l’une des plus riches. J’espère qu’il en sera de même pour vous.