Symbole n°19: le Griffon

Aujourd’hui, j’ai décidé de choisir le Griffon antique, animal mythique à tête, serres et ailes d’aigle, à corps de lion, et oreilles de cheval. S’il a joué plusieurs rôles dans les mythologies de différentes civilisation, et à travers le temps, de compagnon de dieux ou héros grecs dans l’antiquité à figure héraldique au moyen âge, ou encore comme emblème de firmes actuelles, j’ai choisi de l’envisager sous l’aspect de celui qui tirait le char de Némésis, déesse grecque de la juste colère et du châtiment divin, et de sa déclinaison romaine, Invidia, l’indignation devant un avantage injuste. Bref, aujourd’hui, je vais vous parler de la colère…

Je suis d’un tempérament volcanique… c’est dans ma nature. On pourrait ne voir et ne s’intéresser qu’à mes éruptions (rares, j’ai appris à les contenir), déplorer mon mauvais caractère, mon agressivité (rarement contre des personnes, la plupart du temps contre des situations), ou on pourrait comprendre qu’il ne s’agit que de l’expression d’une indignation bien plus profonde, qui n’a pu être contenue par des limites pourtant élevées.

Avec le temps, et parce qu’il s’agissait de ne pas provoquer de réaction cataclysmique de ma progéniture, branchée en permanence sur mon état émotionnel, j’ai appris à contenir ma colère. A la maitriser, à l’étouffer, à l’ignorer, à la nier. Après tout, il s’agissait d’un énorme défaut, d’un péché capital même…. Personne n’avait à subir mes humeurs, et je devais apprendre à garder pour moi ces émotions bien embarrassantes pour mon entourage…. mes réactions étaient souvent taxées d’excessives, d’exagérées.

Je n’ai jamais vu ma colère ou son expression comme quelque chose de négatif. Au contraire. Elle s’est avérée être un moteur formidable. Pour ma créativité, pour ma construction, pour ma réflexion. Sans colère, je ne remettrais rien en question, je me contenterais de suivre, de faire ce qu’on me demande de faire. Or c’est en bousculant mes certitudes, en ruant dans les brancards que j’ai eu à me pencher sur la pertinence ou non de mes idées. C’est en tentant de justifier mes coups de sang que j’ai appris à argumenter. C’est en cherchant à déterminer la source de ma colère que j’ai pris conscience de mes valeurs et de mes principes. C’est en me confrontant à l’autre que j’ai pris en considération l’existence et la validité de points de vue différent des miens. C’est en tentant de canaliser, d’exprimer ou encore d’exorciser cette colère que j’ai pris goût à l’écriture, au gribouillage, à l’introspection, à la philosophie, à la psychologie, à l’histoire, à la sociologie. La colère loin d’être un frein à ma construction en a été le moteur le plus puissant.

Et pourtant… la colère que j’exprimais ou qu’il m’arrive encore d’exprimer, n’était en définitive que le pâle reflet de l’indignation que je ressentais.

Parce que ma colère n’est pas hystérique… Elle trouve ses racines dans l’accumulation de faits, de sensations, d’actes qui nourrissent un sentiment d’indignation par rapport à une situation. Je peux tenter de comprendre pas mal de choses, je peux tenter d’expliquer à défaut d’excuser, je peux tenter d’avoir une vision la plus objective et neutre possible, mais certaines situations me font sortir de mes gonds…. littéralement.

J’ai la chance d’être dotée d’une sensibilité à fleur de peau. Oui, la chance. Parce qu’elle me permet de percevoir beaucoup, et d’apporter des nuances à mon jugement plus tranchant naturellement. Là aussi, j’ai du apprendre à apprivoiser cette sensibilité, cette perception du langage corporel, des tonalités du discours, ces non dits qui en disent pourtant beaucoup plus que les mots qui sont prononcés. J’ai donc la chance d’avoir des capteurs de signaux d’alarme intégrés. A moi cependant de les éteindre d’une pensée ou au contraire de leur accorder l’importance qu’ils méritent. Et ce n’est qu’avec le temps, l’expérience que j’y suis parvenue.

Ces dernières années, toute mon énergie étant consacrée à livrer une bataille perdue d’avance et à y survivre, je me suis concentrée à ma réparation et à ma reconstruction… en limitant au maximum les interactions avec des situations susceptibles de provoquer un déséquilibre. Je me suis anesthésiée. Je me suis coupée de la plupart de mes capteurs, ne conservant que ceux qui me permettaient de ‘fonctionner’ basiquement. J’ai ainsi choisi de ne vivre qu’en partie, à survivre, coupe de mes émotions les plus fortes pour me consacrer à recoller ce qui pouvait l’être, à reconstituer une base sur laquelle m’appuyer, capable ensuite de supporter mes émotions les plus déstabilisantes sans pour autant s’effondrer mais au contraire se renforcer. Il me fallait aller au bout des choses, tester la résistance de chacune de mes valeurs, de chacun de mes principes, en ayant toujours à l’esprit qu’ils pouvaient évoluer, en fonction des nouveaux éléments que je rencontrerais et des expériences de vie que je ferais en cheminant. Et puis une fois cette base solide constituée, optimisée, le temps est venu de l’éprouver, de me reconnecter avec cet aspect plus sensible de ma personnalité. Je n’avais plus ni le besoin ni l’envie de rester… éteinte.

J’ai commencé à me resociabiliser, à me reconnecter avec ceux qui m’entouraient, à regarder de nouveau le monde qui m’entourait avec les yeux et l’esprit bien plus ouverts. A ressentir de nouveaux les dynamiques en action, l’énergie qui émanait de tel ou tel mouvement, de telle ou telle situation. Je me suis reconnectée, tout simplement.

La première chose que j’ai ressentie, c’était une colère sourde, une indignation, un brouhaha de frustrations et de sentiment d’injustice, d’impuissance également. Puis une révolte devant l’injustice, devant l’inertie, devant le mépris… Et ce dans des domaines très différents. Je me suis pris une claque, clairement… Il m’a fallu du temps, une nécessaire prise de recul pour pouvoir analyser toutes ces émotions, toutes ces dynamiques, à travers le prisme de ma propre expérience de vie, de mes connaissances propres, de mes sensations intérieures également. Ces dernières années, j’ai appris à maitriser mes émotions, à ne pas les laisser m’entrainer dans les tréfonds du désespoir. Et pour ce faire, j’ai du les identifier, les accepter, et les désamorcer. Mais là, il ne s’agissait plus de moi… je percevais les mêmes émotions (colère, révolte, impuissance, désespoir, rage, frustration, ressentiment) chez beaucoup de monde autour de moi, dans beaucoup d’écrits, partout.

La seconde chose que j’ai ressentie, c’était une explosion imminente. Les limites sociétales ne sont extensibles qu’à un certain point. Et elles étaient étirées à leur point de rupture. Inévitablement, elles ont cédé devant la pressions à laquelle elles étaient soumises. Et partout, des mouvements pour l’urgence climatique, pour une justice sociale, pour une humanité plus… humaine se sont créés. Et pourtant, leur impact étaient bien moindre qu’il aurait du l’être… Si ils auraient du être l’expression d’une majorité (parce que je doute fortement qu’une majorité de gens soient en faveur des concepts de mort, de destruction, d’anéantissement, de l’autodestruction de la race humaine… et je ne crois pas être naïve), leur impact a été au mieux minime, au pire minimisé. Une chape de plomb empêchait et empêche encore aujourd’hui, l’expression d’une réalité. Pour ne pas provoquer de mouvement globaux de panique peut être, pour ne pas accélérer un bouleversement global qui pourtant me parait inéluctable.

Et j’ai alors perçu, en creux, une dynamique froide d’étouffement de tout mouvement mettant en question un ordre du monde bâti sur du vent, sur une illusion. Que ceux qui en bénéficient croient y croient réellement ou qu’ils fassent preuve d’un cynisme frôlant la psychopathologie n’est pas de mon ressort. Par contre, la manipulation mentale visant à anesthésier des populations entières afin qu’elles n’aient accès qu’à une information tronquée et édulcorée, les culpabiliser afin de garantir leur coopération, présenter tout mouvement en désaccord avec la ligne officielle comme antisocial, les réprimer avec une violence légitimée par des mensonges quant au maintien d’un ordre social illusoire, tenter de fermer peu à peu les canaux d’expression d’opinion dissidente, supprimer les acquis sociaux en reniant par là le travail et les idéaux de ceux qui ont voulu une société plus juste au sortir de la guerre, décrédibiliser et délégitimer les services publics en appliquant une stratégie aussi efficace que cynique… tout ça m’a mise dans une colère noire….

Je suis donc en colère. Je suis révoltée. Je suis indignée. Et si la plupart du temps je parviens encore à canaliser cette colère en en faisant le moteur de ma créativité (que ce soit à travers mes mots, mes dessins, la musique, ou encore en montant des séquences de classe visant à faire prendre conscience à mes élèves l’importance de la compassion,d e l’entraide ou que sais-je encore), j’ai bien conscience que ce n’est pas suffisant. Je partage donc des liens amenant la réflexion, je dialogue, j’écoute, je tente de convaincre, j’affute mes arguments, je me confronte. Je passe à l’action. A mon tout petit niveau. C’est peut être peu, une goutte d’eau dans l’océan, mais je compte bien persister. Parce que cette énergie positive, cette étincelle est bien plus déterminée et importante que l’obscurité qui l’entoure.

Il est temps de briser le cercle. Arrêtons de nous voiler la face, de fermer les yeux. Retrouvons notre humanité, notre esprit critique, réapproprions-nous notre vie! Un peu partout dans le monde, je note que d’autres se réveillent, que d’autres décident de faire un pas vers la vérité, vers la lucidité, vers l’action.

A nous de faire de cette colère, de cette indignation, de cette révolte quelque chose de constructif. A nous d’allumer notre lumière intérieure pour éclairer les ténèbres d’ignorance dans lesquelles on tente de nous garder enfermés. A nous de transmettre, de propager cette dynamique tournée vers l’autre, vers l’espoir. A nous de dire stop aux aberrations que l’on tente de nous faire passer pour inéluctables et inébranlable. A nous de créer, de communiquer, de partager, de construire. A nous d’affirmer notre liberté. En nous exprimant, en partageant, en agissant. Chacun d’entre nous est une composant d’un tout bien plus grand, et chacun d’entre nous peut à son tout petit niveau, seul ou collectivement, avoir une incidence positive sur son existence ainsi que sur celle d’autrui.

Je l’ai déjà écrit ici. je suis indomptable. Dans le sens où je refuse de donner à qui que ce soit le droit de faire ce qu’il ou elle désire de mon existence. Dans le sens où je refuse que mes pensées soient contrôlées par une morale imposée par des principes basés sur la peur. Dans le sens où je revendique mon droit d’être celle que je suis, où je choisis d’obéir à des règles qui œuvrent pour le bien commun mais que je me réserve le droit d’en contester la validité le cas échéant. Dans le sens où je suis capable de mettre toute mon énergie au service d’une cause qui me semble juste. Dans le sens où ma colère me donne l’énergie de me battre, encore et toujours, si besoin est. Dans le sens où cette flamme qui brûle en moi, cette passion, cette détermination est inextinguible.

lemonade

As it’s a french week hahaha, here is some lemonade in english! My last batch!

I hope you’ll enjoy it!

2019 epopee: card#4. I am OPEN to new experiences.

I don’t know about you, but it seems that I always need to learn something new. The past couple of years, I dived into psychology, Norse and Slavic mythologies, journaling, guitar, tin whistle, watercolor, Norwegian…. and those are the only one that come to my mind right now…. I also decided to get in touch with the girl who slept deep deep within… body care, nails done, even hit the gym (it’s been a while though…. I may have to get this on track again… next week hahaha).

I need that. I need to test, to learn, to experiment, to understand. Small things, inner things. It makes me feel good. It makes me feel in harmony with myself. If I feel the need to change, to experiment something new, I just do it. Younger, it brought me as far as to go to a foreign country for a year to study, to take a plane to be with the one I loved on the other side of the planet. If I felt like it, if it kept coming to my mind over and over, then I did it. With open eyes and mind Because I knew it would teach me a big life lesson. And it did!

Anyway, I got older, steadier too. I have lived a lot of things, been to a lot of places, experiment a lot of good and bad things. And I am ready for more. Because to me this is the core meaning of life: to experiment, to learn, to understand, to grow, and to do it all over again.

It requires to take some time to assimilate all of it, before going back to new adventures. I guess that’s what I have done lately. I feel in harmony with myself, ready to go further, deeper. Fearless, as life taught me to be. Eager to learn as my nature led me to be. And smiling, as I know it will bring me far more that I will take. I just keep my eyes and my mind open to whatever may come on my path. Ready to explore, and to enjoy.

Anyway, this week, I am open to new experiences. Bring them on!!

2019 epopee

For 2019, I feel the need to go back to my little cards, but on a different angle, on a different rythm. I miss my bilingual routine. Because I don’t think (and feel, maybe) the same way in french (my mother tongue) and in english. If I can manipulate certain concepts in french, I can access to more spiritual realms in englaish. Don’t ask me why, I have no clue. Thing is, French is my anchor language while English is my growth one. I need them both, it brings me balance. And I feel more complete this way. On 2018, I merely wrote in french, probably because I needed to get rid of some of my anchors, and make peace with my past. It was a cleansig year, and I am happy to have been able to travel so far within and to have made room in my life for new adventures. I got rid of all that didn’t mean anything anymore, of all that was useless to me now. I went to the core, and took the time to open all of my Pandora’s boxes. I am now free and ready to go further, deeper. Time to bring back English in my journey, to balance French!

So this year, I will take a double epopee, with some of my usual musings now and then, a parallel journey. I will go back to make my cards to, with positive messages, key words. Probably one week in french, one week in english. On the same topic or on different concepts, depending on where I am drawn to go.

And if I am sometimes speachless, then I will doodle.

I will doodle anyway, because I love it and I love sharing my nonsense.

I will start getting my cards ready the last week of december. I will use regular balnck cards, even if I don’t know yet which format I will use: rectangular? Squared? Circular? I do know that I will use watercolor and my faithfull black pens. Sometimes my color pencils too. There will have words, doodles, and a travel journal. Here with my articles, and on a real journal. Because I feel that this journey will be epic, enlightening, fulfilling, and that I will love to go back to it later. Each card will then be milestones as well as inpirational cards, if I feel like it.

So here I stand for now.

If you feel like it, you are more than welcome to join me on this journey, for a time or for the full year. I will also go on sharing music and pics, as there is no epic journey without a scenery and soundtrack.

So for now, I will enjoy the last steps of my inner journey and give 2018 a closing. Then grab a new book and get ready for this next epopee. And write the title on this new volume, with certainty and excitement

Hope to see you then!

 

Mon voyage intérieur: novembre (03)

Un petit gribouillage avec le mot du mois. Je peux enfin recommencer à gribouiller!!

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Inner journey: october. Create!

This month we focus on creating. While Nature slowly goes to sleep, it’s time for us to rise and shine as we fully are. Let’s create our inner world, our safety place, and most of all let’s create balance in our life!

To be able to live in peace with others, we need to be in peace with ourselves. So it’s time to declutter our inner self from all what keeps us in the past, in the pain, in the statu quo. Time to move on, we are not trees! So declutter your thoughts, your self, detox mentally, emotionnally, physically too. And create balance within.

Accept yourself in your wholeness. The ‘good’, the ‘not so good’. Your qualities, your flaws. All of them make you who you are. Smile to your reflexion and really feel happy with what you see. Free yourself from any outer appreciation of what you should/could/is supposed to be. Just…. Be!

Greet each emotion you feel and find it a special space in your heart. Because they mean you are alive, that you are loving, caring, hurting, and that by feeling, you learn and grow.

Create a universe, your universe, be proud of it. And go outside to discover other people own litle universe. Learn, grow, spend time with yourself. And live. Truly live.

And if your find the need to focus a bit and to spend some me-time , just do it!!

Here is a little coloring page for you to enjoy, if you want to!

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And the pdf file to print and color: create

Nous sommes tous des voyageurs

Bien. Ma tendinite est toujours là…. accompagnée de sa copine, Frustration. Je ne peux écrire ou dessiner plus de 5 minutes à la fois sans avoir de douleurs… Mais je suis ce que je suis, et j’ai ce proverbe en boucle dans ma tête depuis plusieurs jours… Ce qui signifie que je devais attraper mon porte mine, mes feutres, et le poser noir sur blanc. Ce que j’ai fait. Clairement difficile, la douleur a parfois dévié mes traits, mais voila, c’est fait…. J’ai renfilé mon atèle et je me suis promis de ne pas recommencer, sauf si une autre citations ou pensée envahit ma tête de nouveau….

Voila donc ce que j’ai commis:

voyageurs

J’étais pourtant prête….

J’avais mes supports pédagogiques imprimés et classés, ma classe était organisée pour recevoir mes élèves, j’étais reposée. J’avais préparé cette rentrée calmement, sereinement. Un petit peu d’excitation les jours précédents, mais rien d’anormal…. Bref, je m’étais préparée à une nouvelle rentrée, des projets pleins la tête, prête à démarrer dès le premier jour, motivée, contente aussi de retrouver mes élèves, de passer une année avec eux….

Je devais être un peu trop confiante et l’Univers a voulu tester ma capacité d’adaptation. Clairement. Et me voila confrontée à une vaste conspiration, visant à anéantir tout sentiment de sécurité et de confiance…. et à me déstabiliser sur plusieurs plans. Simultanément. Sinon ce n’est pas drôle…. Juste histoire de bien me faire comprendre la leçon….. la thérapie du coup de pied aux fesses, la seule qui semble marcher avec moi, il faut dire, obstinée que je suis à poursuivre mon chemin tel quel….

1.Conspiration technologique

Mon ordinateur, et mon disque dur…. voir même une clé. Bref, me voila confrontée à une rébellion  de mes outils informatiques…. entre la mise en ligne de docs qui refuse de se faire, la perte de documents, le refus de lire certains périphériques qui pourtant n’ont jamais donné de signe de faiblesse jusque là…. évidemment au moment où je les sollicite pleinement….

Je reste calme, je reconfigure, j’actualise, je mets à jours, je formate même (nanmého!), et cette petite frustration qui s’insinue ne me freine pas tant que ça…. je trouve des alternatives, j’improvise.

Mais la conspiration ne s’arrête pas là…. Les photocopieurs de l’école se joignent à la révolte…. j’improvise, je fais preuve de créativité…. mais l’agacement se fait sentir un peu plus….je commence à bouillir intérieurement, j’essaie d’envisager d’autres solutions, le stress commence à monter, la frustration également….

Je suis tendue…. surtout que je dois aussi gérer en parallèle….

2. Attaque de mes ressources physiques

Oui, parce que sinon ce n’est pas drôle…. Comment faire pour vraiment me mettre à l’épreuve physiquement au moment le plus stressant de l’année scolaire, au moment où mes ressources physiques sont les plus sollicitées? La réponse a été créative mais efficace.

Une tendinite. Au poignet droit. Que j’ignore dans un premier temps, en serrant les dents… Mais qui finit par m’empêcher de dormir (le manque de sommeil, parfait moyen de me tester!!), et qui me fait vivre avec une douleur intense quasi permanente… Pour me soulager dans un premier temps, me voila à devoir porter une orthèse…. qui m’empêche donc d’utiliser correctement ma main droite…. pour une droitière, c’est embêtant…. impossible d’écrire, de dessiner, de taper même, où en enlevant l’orthèse (et en ayant très rapidement mal +++). La frustration augmente, je suis plus irritable (le manque de sommeil n’aide pas)… mais je poursuis quand même mon chemin, déterminée à ne pas me laisser faire par la trahison de mon propre corps… Je tiens bon, quoi qu’il en soit. Je me mets en mode guerrière et je repars affronter ce qui m’attend, tapi dans l’ombre….

3. L’apocalypse mentale

Aux grands maux, les grands moyens. Tout ça ne suffisait pas à me bousculer assez, donc une semaine après la rentrée, j’apprends que je dois déménager toute ma classe dans un autre local. Pourquoi? Parce que. Les raisons invoquées ne sont pas très claires, les solutions alternatives inenvisagées, les conséquences ignorées… histoire d’ajouter un peu de piment, je n’ai les informations que par des moyens détournés, et au compte goutte…. par des personnes non concernées par la situation, la plupart du temps….

J’avoue, j’ai perdu mon sang froid.

J’ai explosé. Littéralement. L’apocalypse selon Saint Jean, avec les trompettes et les chevaux tout ça tout ça…. et je monte en pression chaque jour, d’autant qu’on se charge de me rappeler sans cesse que j’agis trop émotionnellement et que bon, ça stresse les autres…. dont le quotidien poursuit son cours… et qui ne lèvent pas le petit doigt pour m’aider…. mais bon, par contre, si je pouvais me dépêcher de libérer les locaux, ce serait bien…..

Pardon, je suis mauvaise langue… on m’aide … on va me fournir…. 3 cartons et 2 caisses…. pour déménager une classe d’élémentaire. A ce que je vois, certains ont un sens des réalités plus qu’émoussé…. Je m’agace, je râle, je crie même…. et on m’entend… une solution est trouvée, on se bouge un peu….

Et je gère les allées et venues dans ma classe par les différents services concernés pour prendre des mesures, parler les aménagements… par contre, quand je soulève certains points, c’est la panique…. on n’ avait pas pensé…. ah ben non, ils n’ont pensé à rien, donc forcément…. On impose sans vérifier la faisabilité de la chose….. à nous ne nous adapter, de faire en sorte que tout se fasse rapidement et sans vague…. pas de chance, moi je suis du genre tsunami…. Et j’en déclenche un….

On s’affole, on s’agite…. et je les accueille avec presque jubilation dans le marasme qu’ils ont créé… M’en fiche, j’ai enfilé ma fidèle armure et son effet commence à se faire sentir. Je redescends en pression, je ne prends plus de coup au moral, tout en ne me privant pas de porter quelques estocades….

Alors? Pas mal non? Me voila donc à devoir gérer une conspiration technologique, une diminution de mes capacités physiques, une incapacité de mettre en place quoi que ce soit, tout en étant professionnelle, en rassurant mes nouveaux élèves, suffisamment inquiets (j’ai des CP/CE1, vi vi, un double niveau tellllllement sympa en début d’année!!!). Une fois les premiers coups reçus, je me mets en mode guerrière et je gère. A ma manière…

4. Contre attaque

Je priorise:

a. Je vais chez le médecin, qui me rédige un magnifique certificat médical contre indiquant toute sollicitation du poignet droit. Qu’on se débrouille pour faire les cartons, ce sera sans moi, pas envie de me faire plus de mal encore…. et je prends rendez vous avec un kiné pour traiter ma tendinite. Ce qui me servira également de moment de quiétude et de pause dans mes journées plus que tendues. En situation de crise, je prends donc soin de moi.

b. Je fais en sorte que mes élèves soient le moins impactés possible par tout ça. Et j’improvise, je trouve des solutions alternatives, je les rassure, je les écoute, je les laisse en dehors de ce marasme. On en rit, on en fait un support pour les apprentissages (combien de boites de crayons dans un carton? Comment ranger les affichages par ordre alphabétique, mettre les affiches de nombres en ordre croissant…., où se trouve le matériel de maths, de manipulation, d’art, etc etc….) En situation de crise, j’agis en professionnelle.

c. En dehors de la classe ou de la présence de mes élèves, j’évacue le stress. Et j’exige d’être traitée avec un minimum de respect. Je demande des explications, je demande à ce que les responsables me disent exactement de quoi il retourne… devant l’absence de réaction, j’explose, je rue dans les brancards, je sens monter des vagues de colère et de violence. Je mets en œuvre l’effet miroir de la violence ressentie…. je ne fais pas dans la demi mesure. Et je me rends compte que je suis toujours aussi volcanique lorsque je suis confrontée à la frustration, au manque de respect et à la lâcheté… en situation de crise, je demeure moi même, mais je maitrise ma violence, tout en ne prenant pas tout sur moi.

d. J’ourdis un plan en 9 points destinés à mettre les points sur les i et les barres aux t, afin de rétablir certaines valeurs et de faire comprendre à qui de droit que des notions telles que le respect, l’entraide, la communication, l’intégrité ne sont pas que des mots inutiles. Plan dont la mise en pratique se fera petit à petit, mais que j’ai bien l’intention de mener à son terme. La pression redescend, je vois plus loin, j’envisage les implications et les conséquences de cette histoire. Je perçois les ajustements nécessaires, les bouleversements qu’elle va impliquer, je m’y prépare. Je me décentre et me libère de l’émotionnel pour laisser la place à la gestion intellectuelle… en situation de crise, je sais prendre du recul.

e. J’implique la communauté éducative dans son ensemble pour faire en sorte que le déménagement se fasse le plus efficacement possible. Collègues, mairie, parents…. J’ai même envisager de faire appel à mon clan, c’est dire. Et je me dis que finalement, cette mini apocalypse aura eu pour conséquence de mettre en lumière la solidarité et la cohésion… En situation de crise je sais déléguer et organiser.

 

5. Leçons

J’ai encore beaucoup de travail à faire en ce qui concerne le lâcher prise…. Parce qu’après tout, finalement, ma tendinite est le symbole de mon échec à atteindre l’équilibre entre le lâcher prise et le tenir bon….

J’ai réalisé que je subis les conséquences d’une guerre d’égo de personnes qui en ont besoin. Et que je refusais de me laisser embarquer dans la bataille. J’ai enfilé mon armure et je me suis battue pour les intérêts de ceux qui compte vraiment: mes élèves. le reste n’est qu’accessoire finalement.

Ma nature apocalyptique s’est rappelée à moi. Et j’ai pris conscience que finalement, j’évoluais plutôt pas si mal dans le chaos ambiant. J’ai réussi à garder le cap professionnellement, tout en gérant les bouleversements spatiaux et en protégeant mon intégrité physique. Clairement, au niveaux des relations interpersonnelles, c’était plus compliqué mais j’y vois aujourd’hui plus une petite piqure de rappel: je suis capable de beaucoup prendre sur moi pour l’intérêt collectif, mais dès qu’on touche à mes valeurs, je n’ai pas peur de me battre et de montrer de quel bois je suis faite… Et ce n’est pas terminé parce qu’il y a pas mal de points qu’ils n’ont pas envisagés et qui vont poser problème…. mais ça ne me concerne plus…. J’en sors finalement grandie….

J’ai passé une semaine compliquée émotionnellement, mais j’ai quand même réussi à prendre du recul et à retrouver mon calme. Un nouvel équilibre s’instaure. Et j’ai un magnifique plan à mettre en œuvre, sereinement, mais inexorablement. Non pas pour me venger, mais pour mettre les personnes en face de leurs responsabilités et assumer les conséquences de leurs décisions inconsidérées…. et je pense qu’elles commencent déjà à mesurer l’étendue des dégâts…. parce que si les personnes concernées avaient été consultées, toute cette histoire aurait été gérée très différemment.

Et puis j’ai pris le temps de prendre soin de moi… de me réserver une bulle de quiétude au milieu de ce champ de bataille. Bulle que j’ai bien l’intention d’agrandir et de préserver….

Voila donc pourquoi le blog n’a pas été mis à jour, que je n’ai pas pu faire mes articles habituels et la rédaction de celui-ci m’a pris un temps certains, mon poignet ne m’autorisant à taper qu’un temps limité….

Mais ça va mieux, et je pense que du très bon ressortira de tout ça. Finalement, j’ai presque hâte d’y retourner demain pour assister à la suite des événements. Ma classe sera déménagée mardi, et mes élèves pourront investir leur nouvelle classe jeudi. Nous commencerons donc réellement l’année à ce moment là…..je me chargerai de demander à qui de droit en quoi l’intérêt des élèves prévalaient en ce début d’année…. je souris à cette simple idée…. Et je vais enfin pouvoir revenir à une ‘normalité’. Je vais pouvoir remiser mon armure, assurée que personne ne sera tentée de réveiller le dragon qui sommeille en moi avant un bon moment.

Je retourne donc sur le champ de bataille, la tête libérée de toutes ces tensions…. Avec en point de mire le mot du mois d’Octobre qui s’avère plus qu’intéressant.

Mon voyage intérieur: septembre (01)

voyage en tête

9ème étape de notre voyage…. j’avoue quand j’ai relu ma liste de mots pour l’année, que j’avais faite en décembre je crois, j’ai cru que me faisais une blague. Le côté positif, c’est que je dois donc avoir le sens de l’humour, c’est rassurant. Et de l’autodérision. Parce que le mot du mois, c’est: prépare….. J’avoue que choisir ce mot pour septembre, c’était audacieux… mais qu’en même temps, j’ai de la matière, puisque je prépare, je me prépare tout l’été…


Préparer:

  • Mettre quelque chose en état, le rendre propre à une utilisation.
  • Donner à quelqu’un certains soins, l’apprêter, le munir de tout ce dont il aura besoin pour quelque chose.
  • Réfléchir à l’avance à quelque chose, en établir les bases, les modalités.
  • Travailler à quelque chose pour être prêt le moment venu.
  • Amener progressivement quelqu’un à être dans les conditions qui lui permettront de franchir un obstacle, de supporter au mieux quelque chose.

 

1. Pourquoi et comment se préparer?

Si je réfléchis bien, j’ai une belle expérience en la matière: j’ai préparé des examens, ma classe, un nombre certain de déjeuners et de diners, mes valises, je me suis préparée au pire, à faire face, à vivre des aventures épiques. Bref, on peut préparer des tas de choses et se préparer pour des tas de choses.

Se pose la question de l’anticipation. Parce que si dans de nombreux cas, un minimum de préparation est nécessaire, il ne faut pas qu’elle devienne le centre de l’action. Je m’explique: se préparer à faire face à quelque chose est plutôt une bonne chose. Mais se préparer à toute éventualité, dans les moindres détails, risque surtout de nous paralyser, d’ôter toute spontanéité, de nous enfermer dans un cadre trop rigide pour nous permettre de profiter des petits imprévus qui donnent au voyage toute sa saveur.

Se préparer pour moi, ce n’est donc  pas tant anticiper, mais être prêt. Prêt à relever des défis, parce qu’on a confiance en nous pour le faire, parce qu’on a fait ce qu’il fallait pour le faire. Se préparer c’est donc acquérir cette sorte de  sérénité, d’assurance, de confiance en soi. C’est là le noyau de la préparation je pense: acquérir ce qu’il faut pour pouvoir ensuite agir avec sérénité.

Dès lors, il faut définir nos besoins, nos envies, et faire en sorte de construire des outils qui pourront être utilisés pour accomplir ce qui doit l’être. Définir, apprendre, construire, utiliser, maitriser.  Et prendre conscience que nous possédons déjà bon nombre de compétences. Se préparer c’est faire l’état des lieux de ce que nous sommes, de nos forces et de nos faiblesses, le plus objectivement possible. Se préparer c’est prendre conscience de nos capacités dans le but de les utiliser au mieux.

Et surtout, se préparer c’est aussi accepter qu’il y ait des imprévus avec l’assurance et la détermination qu’on saura en tirer le meilleur. C’est agir et analyser, c’est initier une nouvelle dynamique.

2.Se préparer physiquement

Non, nous n’avons pas besoin de faire un boot camp ou camps d’entrainement des forces spéciales pour être prêts… Par contre, quel que soit le but de notre préparation, elle passe par une alimentation équilibrée, un sommeil réparateur et un minimum d’activité physique… Oui, je sais, je n’invente rien. Se préparer physiquement, c’est donc agir et faire en sorte que nous ayons les capacités physiques pour affronter ce qui se présente à nous.

Je ne parle pas ici de préparation spécifique… Pas sûre du tout que manger équilibré, bien dormir et faire un peu de marche tous les jours puisse vous préparer à faire un voyage spatial, une exploration en arctique ou courir un marathon…. Par contre, dans votre vie de tous les jours, c’est une base sur laquelle vous pourrez vous appuyer.

Se préparer physiquement, c’est aussi faire l’état des lieux de son corps et de sa santé. Et prendre soin de ce qui doit l’être. Si vous pouvez tout à fait faire des séances de cardio training plusieurs fois par semaine, ou du renforcement musculaire si ça vous dit, la préparation physique peut aussi comporter une bonne dose de massage, de soins, de petits riens qui rappellent à votre corps que vous tenez à lui ( si si, n’oubliez pas qu’il vous supporte, et ce toute votre vie!).

Bien. maintenant qu’on est en paix avec son corps, il est temps de nous préparer à le rendre visible. Non, pas de stage naturiste ici (sauf si c’est votre préparation à vous, pourquoi pas). Je l’ai souvent dit, je crois, je me moque du regard que les autres portent sur moi. Par contre, je commence vraiment à m’intéresser au regard que je porte sur moi-même. Oui, fini l’ignorance et l’indifférence, il est grand temps que je m’apprécie un minimum! J’ai donc investi. Et c’est un placement à long terme, je l’espère.

Clairement, au départ, ce n’était pas gagné du tout. Aucune complaisance, voir un certain dédain… Comment avais-je pu tomber aussi bas (je connais la réponse, c’était juste rhétorique)… Donc première étape: arrêter de ne voir que les défauts, et tenter de trouver des qualités… et les mettre en valeur au lieu de vouloir tout camoufler indifféremment… puis prendre conscience que les défauts n’en sont pas, mais que bien utilisés il peuvent aussi être des atouts. S’accepter, s’assumer. Et refaire sa garde robe.

Un spa de temps en temps, ou un massage, ou encore un rdv chez l’osthéo…. de quoi se faire du bien et montrer à son corps que l’on a conscience qu’il a besoin d’être chouchouté aussi. Et soyons fous, on peut prendre rdv chez le coiffeur histoire de changer de tête, et là je parle d’expérience, je sors de chez la mienne, après un hiatus de 4 ans…. et je compte bien y aller plus régulièrement, parce que hormis les nombreux cm qu’elle m’a enlevé, je me suis sentie bien en sortant. Mes cheveux me remercient, et je me sens prête à affronter une nouvelle année scolaire…. c’est dire!

Se préparer physiquement, c’est donc définir les besoins de votre corps et faire en sorte de les combler. C’est le mettre en condition pour atteindre l’objectif qu’on se fixe. Et c’est sourire à la personne que l’on voit dans le miroir.

3. Se préparer mentalement

C’est la partie la moins visible de la préparation mais elle est très importante. C’est là que les changements les plus profonds se déroulent.

La préparation mentale…. là aussi, il faut prendre garde de ne pas confondre anticipation et blocage. Il faut parvenir à être suffisamment préparé pour faire face à toute éventualité tout en restant ouvert aux imprévus.

Il faut donc en fait se préparer à … ne pas être préparé! Apprendre à se laisser aller avec le flot, à accepter ce qui vient, à prendre soin de nous, à avoir confiance en soi….. hum… ça ne vous rappelle rien? C’est exact, c’est ce que nous faisons depuis le début de ce voyage. Nous préparer.

Ce mois-ci, nous allons pouvoir souffler un peu, et faire le point sur ce que nous avons déjà accompli dans notre quête intérieure. Faire l’inventaire de nos forces et de nos faiblesses, déterminer ce qui doit être encore renforcé, tout en prêtant attention aux petits riens qui nous mèneront vers de nouveaux territoires, de nouvelles aventures. Nous avons récolté  de nombreuses compétences d’ores et déjà. A nous de les mettre en pratique, de nous entrainer pour les maitriser et pouvoir les utiliser lorsque le besoin s’en fait sentir.

Se préparer mentalement ne signifie pas être capable de surmonter tout ce qui se présente, quoi que ce soit. C’est surtout avoir conscience de ses limites et être capable de demander de l’aide si besoin est. C’est aussi avoir conscience de la possibilité d’être bousculé loin de notre zone de confort, de se retrouver en territoire inconnu. Mais d’avoir suffisamment confiance en soi pour avoir la conviction qu’on en sortira grandi, différent peut-être, plus riche sans aucun doute.

Mais pour cela, il faut s’autoriser à ne pas avoir le contrôle. Parce qu’il est aisé de confondre préparation et contrôle. Or, désolée, mais il est impossible de tout contrôler. Se préparer c’est donc surtout accepter de perdre le contrôle et d’explorer sereinement ces contrées. Parce qu’on se connait, qu’on a confiance en son jugement et en son intuition, et que le voyage n’est intéressant qu’en prenant de temps en temps les chemins de traverse.

Se préparer mentalement, c’est donc aller à la rencontre de soi. Établir ses valeurs, son éthique, connaitre ses limites. Et avoir confiance. Se laisser porter par le flot plutôt que nager à contre courant. Et accueillir se qui se présente avec la ferme conviction que toute épreuve est en réalité une leçon de vie. Et chercher en soi les outils pour surmonter et sublimer toute expérience, positive comme négative. Se préparer c’est être prêt à se construire, encore et toujours, sur des bases solides et saines.

Bon mois de Septembre!

Ces matins-là

Il y a les matins brumeux, les matins difficiles, les matins chagrins, les matins du quotidien…. et puis ceux, comme aujourd’hui, où je me réveille avec « Feeling good » dans la tête, et les paroles sur les lèvres. C’est ce qui a du me réveiller je pense, je chantais…. et puis en me redressant dans mon lit, voir ça….

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Entendre les oiseaux, sentir l’air frais du matin, sentir que je fais partie d’un tout et que tout va bien. Le chat a du sentir qu’il se passait quelque chose et elle a voulu en savoir plus, en se pelotonnant contre moi en ronronnant. Et cette chanson dans ma tête, venue de mes rêves…

Il y a les matins où rien ne compte vraiment. Et puis il y a ceux où tout prend de l’importance. La moindre sensation physique, la moindre pensée.

Il y a les matins où la tâche à accomplir dans la journée nous écrase de tout son poids. Ceux où on a conscience des combats à mener. Ceux qui sont empreints d’une routine automate. Et puis il y a ceux où l’on est pleinement présent à soi. Où on se sent connecté à tout ce qui nous entoure. Et où on n’attend rien mais où on a envie de partager ces sensations si particulières avec le monde entier. Où on se sent irradier.

Il y a les matins où la force semble nous manquer pour accomplir la moindre tâche. Mais où on doit se faire violence et se lever. Il y a les matins fatigués, la tête pleine de ces regrets que la nuit n’a pas effacés. Ceux où la réalité du chagrin semble nous clouer à terre. Ceux où on n’a pas envie de croiser son regard dans le miroir. Et puis il y a ceux où on se sent plein d’énergie et d’envies. Où la détermination que l’on lit sur notre visage l’éclaire.

Il y a les matins sursauts, ceux qui nous poignardent d’angoisse. Il y a les matins robot, où rien ne nous atteint, où on fonctionne parce qu’il faut fonctionner. Et puis il y a ceux où tout parait clair, où tout prend sens. Où on sait, on sent, on comprend. Où on est exactement là et quand on doit être.

Il y a les matins chiffonnés, les matins froissés, les matins courbaturés, les matins moites, les matins éblouissants, les matins bouffis. Et puis il y a ceux où l’air caresse notre peau, où le soleil la réchauffe, où la lumière est douce, où le premier geste que l’on fait, c’est de sourire, avant même d’ouvrir les yeux.

Il y a les matins douloureux, les matins tristes, les matins difficiles, les matins automates, les matins ordinaires. Et puis il y a les matins comme ce matin, où je me sens vraiment en vie, où le monde extérieur entre en collision avec mon monde intérieur.

Les matins où tout, absolument tout, est possible.